Partage : Aimer et être aimé.

« M’aimes-tu ? » « Oui, je t’aime » … Qui parle ?

… le Seigneur est ton refuge ;

Tu as choisi le Très-Haut pour asile.

Aucun malheur ne te touchera,

Aucun fléau ne s’approchera de ta tente.

Car à ton sujet, il a donné consigne à ses anges

De veiller sur toi pendant ton voyage. (Ps. 90, 9-11)

Au fond, l’âge me permet de voir enfin mon passé, de le confronter et d’en apprécier ses mouvements turbulents de mer qui m’ont amenée sur le chemin de l’avenir, le plus incertain en termes humains, mais cependant le plus prometteur, vers cette vérité qui a pris tant de formes et de couleurs au cours de ma vie pour finalement me faire entrevoir sa seule vraie nature : la Lumière de la Vie promise depuis l’enfance, au-delà de mon regard humain mais saisie par mon regard de confiance, enfin, en l’Amour de Dieu pour moi. Cet amour, si apparemment petit soit-il en présence ressentie, maintenant je sais au plus profond de moi, qu’il a été mon guide silencieux, la main qui m’a rattrapée quand je suis tombée, la soudaine joie lumineuse qui m’a envahie à l’improviste. Consciemment ou inconsciemment, je me suis réfugiée pour reprendre forces et courage dans cet asile qu’a été, qu’est l’Amour de Dieu pour moi, une parmi les 8 milliards d’êtres humains. Un nano humain… Ma force pour dominer les bosses du chemin n’a été d’abord, et sans doute pendant assez longtemps, qu’intuition, mais une intuition créative, me poussant vers l’avant, un avant de réflexion, d’écoute, de reconnaissance des rencontres qui m’ont soulevée au-dessus des cailloux, parfois des fossés qui auraient pu devenir abîmes. Il a bien fallu que Dieu m’aime de Son amour sans limite et sans condition pour me conduire au moment où j’ai décidé en vérité de vivre ma foi en toute conscience et liberté devant et pour les autres. Car il fallait bien qu’Il m’aimât pour que je fasse le pas, dans ce sanctuaire polonais, de vivre en communauté, même petite, afin de grandir en amour, et de partager avec les autres cette beauté de la foi. Beauté et mystère, beauté et doutes, mais beauté de la Vérité enfin reconnue vivante, présence réelle.

Bien sûr, il y a des jours creux où je me surprends en train de chercher le signe indéniable que les anges m’accompagnent dans ma marche et qu’ils me portent quand je suis sur le point d’arrêter ma course pour me laisser distraire par des questions tout à fait humaines, donc limitées, très limitées, inutiles, vides même si elles peuvent être légitimes dans la fragilité de la personne que je suis. Cette question qui revient de temps en temps : « Qu’est-ce que j’aime, enfin » ? Alors, je revis en moi cette nuit particulière de Pologne au creux de laquelle je sentis la main du Seigneur passer sa tendresse sur la ville enneigée, sur le monde pour l’apaiser, le rassurer : « Dors, tu verras, disait le souffle, tout sera bien à l’aube. La nuit m’appartient parce qu’elle est porteuse de ma lumière, de mon Amour. Comme une mère berce son enfant en lui murmurant les tout petits mots de son grand amour, moi, le Seigneur, je t’envoie mon Amour pour qu’il devienne source de celui que tu donneras aux autres, et à moi, si tu le veux. » Et même si ces mots alignés n’étaient pas encore ma vérité profonde, je sais encore plus profondément sans doute que mon petit amour ne vit que parce qu’il est aimé dans l’Amour sans condition du Seigneur qui me dit par la bouche du psalmiste

Puisqu’il s’est attaché à moi, je le délivrerai ;

Je le mettrai à l’abri puisqu’il connaît mon nom,

Quand il m’invoquera, je l’exaucerai ;

Dans la détresse je serai près de lui ;

Je l’en délivrerai et le couvrirai de gloire.

Il sera comblé de jours

Et je lui ferai voir mon salut. (Ps 90, 14-16)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *