LE GRAND TOUR EN ITALIE DES JEUNES ARISTOCRATES ANGLAIS.

INTRODUCTION:

            Le « Grand tour », a été nommé ainsi au 19è siècle, c’est-à-dire quand il s’était déjà très transformé et que le terme de « tourisme » était apparu. En fait, ce « grand tour » est peut-être né dès les « Contes de Canterbury » par Chaucer, au 14ème siècle finissant, avec le récit de la « femme de Bath »  qui  raconte qu’elle a été trois fois à Jérusalem, a vu beaucoup de rivières et les a traversées; elle est allée à Rome et aussi à Boulogne, Saint-Jacques de Compostelle et Cologne. Et elle n’était pas unique car des générations d’Anglais avaient déjà navigué vers le sud, en pèlerinage, que ce soit en France, en Italie, en Espagne ou en Terre Sainte.

Ces pèlerins  bravaient de grands dangers tels que les pirates, les routiers de grand chemin, sans parler des traversées maritimes très souvent causes de maux de mer durant tous les jours du voyage, dans des bateaux transportant parfois des centaines de passagers, guidés par des marins au langage très vert, ainsi que celui des capitaines, d’ailleurs. Au cours des 14è et 15è siècles le nombre des pèlerins traversant la Manche augmenta chaque année, comme par exemple, les 2.434 autorisés à aller à Saint-Jacques de Compostelle par le roi Henry VI en 1434. C’est quelques années plus tard seulement que parut ce qui est, sans doute, le premier guide de voyage, écrit par un certain Wynkyn de Worde, Informacion for Pylgrymes unto the Holy Lande. Ce guide fut réédité 3 fois et contient des informations et conseils dont furent assailli, des années plus tard, les voyageurs. Ces conseils comprenaient comment négocier avec les capitaines des bateaux, comment avoir la meilleure couchette, les chambres les plus confortables dans les auberges, la première place à table, les meilleurs chevaux, etc. Les voyageurs étaient aussi conseillés sur ce qu’ils devaient emporter pour un aussi long voyage, et ces bagages pouvaient être très impressionnants, bien qu’ils se soient allégés avec les années, allant de cages de poules et poulets, au chaudron et poile à frire, assiettes, etc. Donc des pèlerins -très critiqués par Erasme- mais aussi, dès le 16è siècle, des étudiants dont Reginald Pole qui devint Archevêque de Canterbury en 1556. Il fut suivi de personnages très célèbres en Angleterre, religieux et scientifiques. Tous étudièrent en Italie -Ferrara, Bologna, Padua- et, à leur retour, contribuèrent largement à la diffusion de la Renaissance en Angleterre.

Le roi Henry VII soutint aussi fortement les voyages des jeunes aristocrates pour qu’ils soient entraînés comme diplomates ou autres autres fonctions de l’Etat. Élisabeth I suivit l’exemple de son père et encouragea les voyages sur le continent de ces jeunes gens pour qu’ils étudient les langues étrangères, acquièrent une bonne assurance d’eux-mêmes et de bonnes manières afin de participer activement au développement du prestige de l ‘Etat.

Mais le terme « Grand Tour » doit être compris, dans le cadre de ce qui nous réunit ce soir, dans une acception restreinte. En effet, il ne s’agit pas de l’ensemble des tours d’Europe mais bien seulement du voyage d’éducation pratiqué le plus souvent, depuis le 16è siècle, par les fils de la noblesse anglaise.

Ce terme ne couvre pas cependant une réalité uniforme ; il réunit des pratiques diverses, dont les programmes se sont fixés progressivement tout en conservant une grande souplesse dans leur réalisation. Juste Lipse, en 1570 parlait, dans sa lettre demeurée célèbre à Philippe de Lanoye, de « nobilis et erudita peregrinatio » ; c’est à Richard Lassels que l’on attribue généralement l’expression « Grand Tour » dans l’avant propos de son livre Italian Voyage publié en 1670. Lassels limite son livre au tour du royaume de France, et c’est William Bromleys qui l’étend à l’Italie dans Remarks on the Grande Tour of France and Italy. Lately performed by a Person of Quality, publié à Londres en 1692. C’est sans doute au 18è siècle que « Grand Tour » va désigner une ample pérégrination de plusieurs années qui conduit le voyageur à travers un grande partie du continent européen, sans, cependant, la réduire à un modèle rigide et unifié. Ceci n’empêche pas la stabilisation, plus ou moins longue et durable, de points  de passage obligé ou séquences fortes, malgré les aléas d’une géopolitique marquée par les alternances de la guerre et de la paix ou par l’emprise changeante des villes et des cours.

Si un tel voyage se voit dans toutes les puissances d’Europe, c’est l’ampleur des publications ou le nombre des journaux personnels britanniques qui ont fait du « Grand Tour » une expérience essentiellement britannique. Il est, cependant difficile de dénombrer combien de jeunes aristocrates britanniques ont actuellement voyagé, bien que les archives des académies nobiliaires, comme celles de Lunéville, Padoue ou Turin nous aient laissé quelque chiffres relativement minimes pour les Anglais puisque on relève à Modène, Bologne et Sienne, entre 1660 et 1780 seulement 15 Anglais. Mais ceux-ci ne fréquentaient pas tous ces académies, loin de là, et grand nombre des familles de la « gentry » envoyèrent leurs héritiers sur les routes italiennes dès le 17è siècle comme le décrit Gian-Paolo Brizzi dans son livre  La pratica del viaggio d’istruzione in Italia nel Sei-Settecento,publié en 1976.

En général, et en  ce qui concerne nos jeunes aristocrates anglais, le voyage se fait le plus souvent avec un précepteur, ou tuteur. Si le but le plus avoué est de parfaire une éducation que les familles jugeaient pauvre au départ, il s’agissait aussi, pour ces touristes, de s’ouvrir au monde européen contemporain, à  sa diversité physique et humaine, à son histoire et ses foyers culturels : le jeune noble va ainsi de cour en cour où il découvre aussi bien les formes du pouvoir politique, les institutions qui le supportent et les hommes qui l’exercent. Ils vont rencontrer aussi des artistes de renom et découvrir des chefs d’œuvre du passé. Sans oublier une éducation sexuelle qui ne sera pas toujours sans conséquence grave sur leur avenir. Bref, une expérience totale que n’aurait pas désavouer Francis Bacon qui souligne, dans son essai  « Des voyages » que « voyager est pour la jeunesse une forme de l’éducation ». Rencontrer, observer, nos jeunes nobles anglais ne s’en priveront pas au cours de leur voyage en Italie.

PREPARATIFS :

En général, le jeune voyageur était accompagné d’un tuteur (bearleader). Ceux-ci étaient très consciencieux, et certains sont devenus célèbres comme Adam Smith, Dr John Moore, Robert Wood, William Whitehead, Thomas Hobbes, John Locke, etc. Avec un tuteur on voit aussi un gouverneur pour les plus riches des touristes, sans oublier un nombre conséquent de domestiques. Le voyage était aussi préparé et avec un guide, carnet de notes, dictionnaires et grammaires. Enfin, on n’oublie pas les médicaments, épices, condiments, sucre, etc. auxquels étaient habitués nos jeunes aristocrates, sans compter qu’ils partaient, à cette époque, vers l’inconnu. Il fallait aussi se préparer à la rencontre des bandits de grand chemin, au mal de mer, au moyen de transport sur route. Les témoignages, par l’intermédiaire de journal de voyage, varient évidemment beaucoup de l’un à l’autre ; Adam Walker, par exemple, écrit, dans les années 1780, qu’il n’a jamais été volé en Italie. Restait la question de l’argent à prévoir et à recevoir au cours du voyage.

Pour aller en Italie il fallait passer par le France, donc subir [Auteur in1] les douanes plus ou moins honnêtes et plus ou moins chères dès Boulogne, le prix des auberges (qui n’était pas toujours en relation avec le confort), le change de monnaie -et en Italie elle variait d’une ville état à un autre, et où se procurer de l’argent pour poursuivre le séjour. En moyenne on s’attendait à £ 600 par an, mais cela dépendait des familles. Les plus riches comme les Leicester ou Bockwell promettaient un budget de £ 120.000 actuelles. Quand les liquidités manquaient, le voyageur utilisait des lettres de change à des banques ou comptoirs établis d’avance[Auteur in2] . En général, les comptes étaient tenus par le tuteur. En cas de  besoin urgent sans une banque proche, le voyageur pouvait demander au représentant anglais de la ville, en Italie. De façon générale disons qu’il fallait, en tout état de cause savoir marchander, et, en Italie garder présent à l’esprit que chaque ville-état avait sa propre monnaie que l’on ne pouvait pas échanger dans l’autre. Avant de partir, il était donc nécessaire de connaître un peu la valeur des monnaies étrangères, surtout en Italie ou on avait, à l’époque, scudo, soldi, pichioli, grosses, lire, julios, pistole et ducas. Au moins.

Loger était aussi inattendu par nos jeunes nobles. Comme il a été dit plus haut, marchander était un must. Par exemple, à Lerici, James Edward Smith rapporte : Nous avons marchandé dès l’arrivée pour notre souper et chambres : mais, après avoir eu notre café le lendemain matin, nous fûmes surpris de constater que nous devions payer autant que pour le reste…. on nous adit que le café n’était pas compris dans le marchandage initial.D’autre part, l’impression commune était qu’en Italie les maisons étaient très sales et sans provisions de bouche. Quand il y avait quelque chose à manger la préparation du repas était un véritable poison pour l’hôte. Les lits n’avaient pas de rideaux, les fenêtres pas de vitres, et tout ceci pour un prix de luxe. Mais avant d’arriver à l’auberge il fallait voyager soit par routes, soit par mer.

Le plus fréquent, pour aller en Italie étaient les routes, une fois la Manche traversée. Et cette traversée n’était pas sans problèmes [Auteur in3] tant par la dangerosité de la mer que par le mal de mer que presque tous ont eu. Après cet épisode pénible, on arrivait en France -premières douanes- et on continuait par Lyon, Marseille, et les Alpes. Pour ceci soit on louait une chaise, soit on utilisait les diligences communes, soit on avait sa propre voiture qui était démontable soit pour la mettre, éventuellement, sur le bateau qui descendait le Rhône, soit pour passer les Alpes par le Simplon, ou le  Mt Cenis [Auteur in4] et ce dernier n’était pas l’expérience la plus facile ; Certains choisissaient le bateau de Marseille à Gênes, par exemple, mais ils étaient alors liés à l’humeur du capitaine et/ ou de la Méditerranée selon les saisons. Inutile de préciser que les routes étaient souvent très mauvaises tant par leur largeur que par le temps qu’il faisait comme les pluies d’automne dans le Midi.

Les véhicules pouvaient être loués, bien sûr, mais leur prix et la qualité du service variaient grandement : si le voyageur empruntait une route bien connue la poste et les chevaux étaient à intervalles réguliers et bons, mais ce n’était pas toujours le cas. En Italie le coût de ce choix dépendait de chaque principauté, et était très cher, par exemple, dans les Etats Pontificaux. Voici l’opinion de Brand : Rien ne peut être pire que les comportements des hommes et des chevaux aux postes entre Bologne et Florence. Sa Sainteté a certainement quelque idée juive de vengeance et pense que comme il est normal de nous envoyer une malédiction par an, il devrait recevoir des milliers de malédictions de la part de ces malheureux hérétiques qui voyagent dans ses propriétés et territoires.

Les mules et mulets étaient sans doute les bêtes les plus sures pour les montagnes car elles avaient la patte ferme, comme l’affirme Walker après son trajet de Viterbe à Sienne, bien que ces animaux soient très lents. De plus, ânes, mules et mulets sont très sobres, ce qui était très pratique pendant ces longs voyages. A toutes ces circonstances matérielles il faut ajouter les rencontres non seulement avec les autochtones, mais aussi avec les concitoyens, et ces rencontres étaient parfois des disputes ; les voyages avaient aussi des accidents, et les voyageurs pouvaient être malades, entre autre de la syphilis. Mais nous voilà en Italie après le passage extraordinaire du Mt Cenis et la descente vers [Auteur in5] Turin…

TRAJET :

La route la plus commune était la suivante:Piémont et Lombardie, Venise, Florence, Sienne et Rome, Naples et Pompei/Herculanum et, parfois, Paestum plus au sud et terriblement chaude. Certains remontaient par Venise pour soigner leur syphilis.

Après le passage du Mont Cenis, pour ceux qui choisissaient la terre, les plus nombreux, la vue de la plaine de Lombardie était splendide. Un de nos voyageurs, Gray, écrit que ce n’était qu’ « une vaste plantation d’arbres, surtout mûres et olives, et pas un arbre sans une vigne autour. » William Beckford ajoute que les roches elles-mêmes sont couvertes de vignes. Ici ou là une petite maison à l’ombre des muriers apparaît, et sur les berges des rivières, des bâtisses blanches avec des cours et auvents apportant de l’ombre aux paysans faisant de la soie.Sans parler, à Bolzano, des melons et maïs, figuiers et grenades. Quelle différence avec les rudes savoyards rencontrés au cours du passage du Mot Cenis !

Les piémontais leur semblaient aussi bon que leur campagne avec les femmes qui se coiffaient en chignon noué d’un large nœud. Sans parler des boucles d’oreille et autres colliers.

Une fois passé Avigliana et Rivoli, en allant vers Susa, le touriste arrivait à Turin où il restait quelque temps, pour la plupart d’entre eux, comme étudiant à l’Académie, mais pas que : le futur archevêque de Salisbury écrit à sa famille : Le principal avantage que je tire de ce séjour à Turin est, je pense une agréable compagnie car je vais être introduit auprès du roi et des nobles les plus importants à la cour.

Les avis, sur la cour royale, différaient quelque peu et en 1764 [Auteur in6] Gibbon la trouva bête et vieille, et le Roi un vieux petit homme de peu de manières et de curiosité très commune : un bourgeois d’une intelligence limitée, bien que ses filles soient plutôt sociables. Un intérêt de jeune homme ! Pour Gibbon, la ville elle-même était très décevante bien que les palais fussent magnifiques (mais construits avec le sang du peuple), la langue était un jargon incompréhensible (un problème au théâtre), une noblesse arrogante qui ne vous parlait pas… mais il y avait des rumeurs de passion : Charles Spencer est dit avoir eu une liaison avec Caterina Maria Teresa di San Gillio, mariée au fils illégitime de Victor Amédée II. Et Spencer ne fut pas le seul… la découverte de la sexualité fut, en effet, un élément important de l’apprentissage de  ces jeunes aristocrates loin de leur famille.

Cependant, les touristes agréaient que Turin était une ville était une belle ville dotée de larges rues et de tout ce qui fait une vie confortable même si les fenêtres des auberges n’étaient, parfois que du papier huilé. La place San Carlo, nouvellement reconstruite après sa destruction par les Français en 1706, était très admirée, ainsi que les églises, le collège des Jésuites et la Chapelle du Saint Suaire et le [Auteur in7] théâtre. Sans oublier la Villa Reale et la Villa Madame avec son double escalier. Et la découverte de la cuisine avec les côtes de veau au Marsala et pointes d’asperges, bref de quoi surprendre les palais anglais.

Après Turin, en route pour Bologne et Florence, via les Apennins mais préférablement d’abord vers Venise pour y arriver au moment du carnaval, sur des routes plutôt très mauvaises -primitives- qui provoquaient pannes et destructions sur les berlines et calèches de l’époque. La meilleure manière de voyager était d’embaucher un vetturino servant de cocher et de mécanicien, ainsi que de guide si nécessaire. Là encore il fallait fixer le prix avant de partir, et même dans ce cas la relation n’était pas facile. Ici aussi les opinions des voyageurs varient, mais une chose est certaine, c’était très lent, comme s’en plaignit le poète Shelley. Sans parler des [Auteur in8] auberges qui pouvaient être détestables et horriblement chères, comme toujours à cette époque. De plus, le voyage était lié au passeport puisqu’il fallait en changer à chaque changement d’état, ce qui ralentissait le touriste, parfois grandement. L’acquisition du passeport était aussi lié au certificat de bonne santé pour presque chacune des villes traversées.

L’itinéraire le plus classique vers Venise était donc par Milan, Bergame, Brescia, Verone, Vicenza et Padoue. En dépit des nombreuses peintures à voir à Milan (Titien, Leonardo, Raphaël, Caracci, Gallitia, Cerani et Reno), du théâtre -le plus grand du monde- le Palais Brera, et la Bibliothèque Ambrosiane, la Cathédrale, la ville ne les retenait pas très longtemps. La Cathédrale était d’ailleurs souvent décriée, en dépit de sa grande beauté, à cause des innombrables mendiants qui s’accrochaient aux basques des visiteurs. Bref, les touristes, dans l’ensemble, étaient heureux de continuer vers Bergame et [Auteur in9] Brescia qui ne suscitèrent que peu de commentaires de la part des voyageurs. Verone, en dépit de sa gaieté d’après Mrs Piozzi, n’était pas un arrêt apprécié. Il faut attendre Vicenza pour que l’intérêt des touristes se réveille car c’était la ville du grand architecte [Auteur in10] Palladio dont le style allait se répandre en Angleterre grâce à ces voyages. Voici ce qu’en dit John Northall : L’hôtel de ville a été construit pas Palladio, ainsi que le théâtre dessiné selon des styles antiques. Près de la ville se trouve la villa célèbre -la Villa Rotonda- appartenant au Marquis Capra di Palladio. L‘architecte Inigo Jones avait visité l’Italie avant Northall et avait écrit un traité d’architecture d’après les livres de Palladio Quattro Libri dell’architettura. Les constructions de palais en Angleterre par Jones et Evelyn étaient célèbres, sans oublier Burlington House at Piccadilly fait sur le modèle de Palazzo Porto à Vicenza. Burlington lui-même, au cours de ses voyages à Vicenza acquit des manuscrits du Maître. L’architecture palladienne devint en fait une mode en Angleterre. Padoue avait perdu son attrait des 2 siècles précédents. Lithgow la qualifia de la ville la plus mélancolique d’Europe.

Et on arrive à Venise

Glisser sur la lagune le soir et voir la ville illuminée par le soleil couchant était comme entrer dans un autre monde, nous dit le riche William Beckford en 1780. Il continue : … les gondoles passaient et repassaient constamment, et devant nous s’étendait l’entrée du canal Reggio avec tous ces allées et venues de bateaux autour de notre gondole. Après avoir quitté le Palais Pesaro, nous avons débarqué à l’hôtel Leon Bianco qui, situé à un des endroits les plus larges du Grand Canal, domine un grand ensemble de bâtiments aux décorations architecturales presque impossible à décrire après le crayon de Canaletti. A une extrémité de cette belle perspective apparaît le Rialto, l’autre étant cachée par une courbe du canal.

Le lendemain matin, très tôt, le même Beckford fut réveillé par les marchands de fruits, légumes et poissons sur le canal en si grand nombre, dit-il, que l’on ne pouvait plus voir l’eau du canal ; c’était le premier jour…

Une gondole le conduisit ensuite à cette charmante chapelle de Santa Maria della Salute construite sur 1.156.627 piliers de bois plantés dans la boue pour commémorer la fin de la peste en 1630. De là il fut transporté à San Giorgio Maggiore construite par Palladio, qu’il pensa être le plus bel édifice qu’il ait jamais vu. Puis, à l’abri d’une ombrelle, il put savourer la vue vers le Palais des Doges, les hautes colonnes à l’entrée de la Place Saint Marc, les arcades de la bibliothèque publique, l’élégant Campanile et les coupoles de l’église ducale. Il a pu aussi jouir du spectacle des gondoles colorées sur fond noir, le long de la Riva degli Schiavoni. Beckford a passé plusieurs jours enchanteurs à Venise allant des jardins de la Giudecca à Murano, Burano et Torcello, et visitant beaucoup d’autres églises comme SS. Giovanni e Paolo. Mais son attention la plus profonde a été pour les peintures de Titien, Tintoretto et Veronese, entre autres. Sans oublier le Mendicanti un des [Auteur in11] 4 conservatori où étaient éduquées à la musique les orphelines, les autres étant Incurabili, Ospedaletto, et Pietà où Vivaldi a été Maître de Chapelle jusqu’en 1740. Ces conservatoires étaient le centre musical de Venise. De conservatoire en conservatoire il a sans doute passé le Pont des Soupirs, monté les marches de la plus belle église dessinée par Palladio, le Redentore.

Mais comme les autres touristes, il fut dégoûté par l’odeur de la ville souvent comparée à une porcherie  (Gibbon), empoisonnée (de Brosses), nauséabonde (Walpole). John Howard, le réformateur des prisons, conseilla même à un compatriote rencontré à l’hôtel  de ne pas rester plus de 4 jours à Venise !

Cependant, Venise était surtout apprécié par les jeunes touristes pour ses habitants : la foule cosmopolite rencontrée dans chaque calle dans le centre de la villeétait fascinante pour ces jeunes anglais : le soir, écrit John Moore, il y a généralement, Place Saint Marc, un grand mélange de Juifs, Chrétiens, et Turcs ; avocats, criminels, et pique-pockets : vieilles femmes et médecins ; femmes de qualité masquées ; sénateurs,gondoliers, citoyens, bref des gens de toute condition ; tout ceci battait en  brèche vos idées reçues jusqu’à vous priver même d’idées. Tous ces gens passent ici une partie de la nuit quand il fait beau et la place et les magasins dans les rues adjacentes sont illuminés ; et, comme il est de coutume pour les dames et gentilshommes, de fréquenter les casinos et les cafés autour, la place Saint Marc répond à toutes les attentes de Vauxhall ou Ranelagh.

Beckford est sans doute l’un des jeunes anglais qui apprécia le plus Venise avec ses chants, ses promeneurs, ses orientaux, ses Arabes, Grecs, prêtres arméniens, bijoutiers, et Russes, pour ne citer que ceux-ci.

Mais le [Auteur in12] carnaval attirait le plus grand nombre de nos touristes (lady Montagu parle même d’infection par les Anglais). Là, tous les porteurs de masques blancs ou noirs étaient acceptaient de partout ; la place Saint-Marc était peuplée de lutteurs et acrobates ; les soirées offraient des bals et des feux d’artifice, le tout dans des mascarades où disparaissaient toutes les distinctions, et les maisons de jeux qui, d’après Nugent, étaient les lieux [Auteur in13] (Ridotti) les plus dangereux. Sans oublier l’opéra qui était apprécié par certains voyageurs comme les Wynne.

Les visiteurs anglais étaient cependant surpris par le peu d’hospitalité que montrait la noblesse hors du carnaval. De Brosses rapporte qu’à une des conversazioni à laquelle il était invité, la seule collation offerte avait été une tasse de café et une grande tranche de pastèque, un plat détestable s’il en fut un rapporte-t-il dans son journal. Mais il y avait aussi des banquets, comme à la [Auteur in14] casa Nani.

CE qui surprenait aussi les Anglicans c’est la tendance des prêtres à Venise de s’habiller en civil afin de plaire aux dames ; Le Pape Grégoire XIII disait même, à cette époque : Je suis pape partout sauf à Venise !

Dans ce domaine, les voyageurs trouvaient à Venise, le plus grand nombre de [Auteur in15] courtisanes de toute l’Italie : 20.000 à peu près au début du 17è siècle… et Venise eut alors la réputation d’être le bordel de l’Europe. Les touristes durent prendre le risque, si la tentation était trop forte, de la syphilis et autre maladie vénérienne.

A Venise, il y avait aussi des résidents anglais de longue date que rencontraient les voyageurs. Par exemple Joseph Smith, Consul en 1744 qui reçut un grand nombre de ses concitoyens. Grand collectionneur de livres et de peinture et un mécène qui patronna  Zuccarelli, Rosalba Carriera et les frères Marco et Sebastiano Ricci et surtout Canaletto pour lequel il arrangea de nombreuses commissions. Comme les touristes achetaient des œuvres d’art, Smith fit toujours en sorte que les artistes respectent les commandes. Il envoyait aussi certains d’entre eux à Londres pour travailler. Son seul vrai problème a été avec Canaletto bien qu’éventuellement 2 tableaux peuvent être vus à Tatton Park, ainsi que la série de 22 petites et 2 grandes toiles sont maintenant à Woburn Abbey. La collection de Smith a été achetée par George III pour la Collection Royale. Si le voyageur n’avait ni la patience d’attendre une œuvre de Canaletto  ni l’argent il pouvait toujours acheter un Guardi, ou une vedutta par le neveu de Canaletto Bernardo Bellotto. Sans parler des livres, cristaux et soies. Et quand tout ceci était prêt à partir, le touriste continuait sa route en Italie, vers Florence.

FLORENCE

La route par les Apennins de Bologne à Florence, que Beckford et Gibbon trouvèrent aride et mélancolique, était généralement considérée comme une des meilleures d’Italie au 18è siècle bien qu’on ne la recommandait que par beau temps pour éviter de prendre les mules, ou un repas à base de corbeaux et moutarde qui effrayait le goût des Anglais. Mais ces angoisses cessèrent pour Beckford dès qu’il entendit les voix des paysans sous les cyprès dans une nature qui paraissait heureuse et calme en descendant vers Florence.

En dépit de ses sombres palais médiévaux presque tous les voyageurs anglais ont aimé Florence. En 1608, l’un d’eux écrivait : J’habite à Florence dans un jardin, je mange des melons, bois du bon vin du pays, regarde d’excellentes peintures sacrées, et entends une musique élégante et sublime.

Au milieu du 18è siècle, l’auberge choisie par la plupart des voyageurs était sur la berge gauche de l’Arno, opposée au Palazzo Corsini. L’aubergiste était un Anglais, Charles Hadfield, de Manchester, dont la fille avait épousé le miniaturiste Richard Cosway.

A l’auberge et hors de l’auberge, les touristes rencontraient d’autres touristes : Gibbon rencontra Horace Mann qui était le Consul d’alors et qui lui présenta un peintre de ses amis, un autre Anglais, [Auteur in16] Thomas Patch (caricatures et vues remarquables de la ville). Mais sans l’introduction de Mann, le touriste avait peu de chance d’être invité dans une des familles florentines importantes à cause, disent-ils , de leur avarice. Le jeune Arthur Young écrit ils sont très riches et beaucoup de gens vivent à leur dépend, mais il n’y a pas de dîners, de fêtes, d’équipages, de confort

Mais heureusement il y avait beaucoup plus à voir à Florence avec ses 152 églises, 18 centres de commerces, 160 statues exposées au public, 17 palais, 6 colonnes, 2 pyramides, la Cathédrale, les jardins Boboli, la chapelle Medici avec les sculptures de Michel-Ange, les peintures de Fra Angelico, les peintures dans la galerie du Palais Pitti, etc. Sans parler de l’opéra où les touristes pouvaient rencontrer Charles Edward Stuart, le Prétendant au trône, qui se faisait appeler Roi Charles III d’Angleterre. Enfin, les voyageurs pouvaient acheter beaucoup d’ oeuvres d’art et de livres, bref, Florence faisait l’admiration de tous, dans l’ensemble. Sharp écrit que la ville était une ville noble qui avait gardé ses caractéristiques de capitale comme les places, palais, fontaines, ponts, statues, et arcades.

Les touristes ont tissé des amitiés aussi à Florence, mais [Auteur in17] entre Anglais, ou ils sont tombés amoureux comme Charles James Fox et Boswell qui a dû être de nouveau traité pour gonorrhée par le dr Tyrrell, un Irlandais spécialiste de la maladie. Enfin en route pour Rome !

ROME :

En chemin vers Rome, les voyageurs ne s’attardaient pas à Sienne, sauf Boswell qui y a bu du bon vin, dormi dans un bel appartement, appris un peu d’Italien, joué de la flûte et courtisé la femme du chambellan du Grand Duc…

Dès qu’ils approchaient de Rome, la couronne de leur voyage, leur excitation était à son maximum bien sur  dès la première vue ils étaient déçus… La ville les exaspérait dans l’ensemble, surtout avec les formalités d’entrée. Ils entraient, en fait, par le nord par la Piazza del Popolo, qu’ils appréciaient en dépit des boucs qui vaguaient autour, les lavoirs, et les maisons de prostituées. La rue qui conduisait au centre ville était trop étroite, les trottoirs encombrants, et la poussière suffocante, sans parler du mauvais pavement. De plus, beaucoup étaient frappés par le nombre de mendiants, surtout autour de la Place d’Espagne. Enfin, les Romains qui travaillaient ne semblaient pas travailler trop dur, et la sieste était longue, sans parler des jours fériés dus aux festivals religieux -à peu près un tous les deux jours- et la population, dans son ensemble, vivait de la charité envoyée par l’Europe chrétienne, avec pas d’agriculture, de commerce, ou d’industrie. Charles de Brosses en conclut que ¼  de la population était prêtres, ¼ statues, et ¼ gens qui ne faisaient rien…

Le Tibre était un ruisseau comparé à la Tamise, les fontaines de Bernini sur la Piazza Navona étaient crasseuses, etc.

Il se forma à Rome, comme ailleurs, un ghetto anglais où les touristes se rencontraient et parmi eux des enthousiasmes se déclaraient. Sharp écrit qu’il fallait aussi voir les magnifiques églises, les ruines vénérables de la Rome antique, les prodigieuses collections de peintures et statues antiques… Lady Knight, quant à elle, écrit nous sommes depuis 10 jours à Rome et en avons vu déjà assez pour dire que c’est la plus belle ville du monde. Walpole, bien que satisfait de ce qu’il voyait, était très pessimiste sur l’avenir de la ville : toutes les peintures exposées au public sont dégradées ou vont l’être plus, les ruines qui restent ne peuvent durer encore longtemps, et les collections privées devraient être vendues pour sortir ces familles de la pauvreté. Et puis il y avait les « japonais » du moment : Lord Baltimore fit le tour de la Villa Borghese en 10 mn, et le jeune John Moore considérait que 3 heures par jour de visite était bien trop car inutile. Ceux qui allaient au hasard dans la ville ne relevèrent que des banalités comme les boutiques de barbiers ou l’herbe qui poussait sur les murs de la Palatina…

Encore une fois, Boswell sauve la situation en choisissant d’être guidé par un des antiquaires de Rome qui étaient des savants mais aussi un [Auteur in18] peu faussaires en faisant croire à un jeune novice qu’une copie de Raphaël était l’original, par exemple, et que ce novice achetait très cher. Mais il y a eu aussi des chanceux : Charles Towney a pu acheter pour £700 la belle Venus d’Ostie. Et d’autres encore ont acheté des œuvres mineures ou [Auteur in19] apparemment mineures, mais pas sans valeur. Boswell acheta, et aussi regarda beaucoup et écrivit un ouvrage très utile pour les futurs jeunes touristes sur les ruines antiques, les peintures, l’architecture et tant d’autres arts. Enfin, Edward Gibbon écrivit, après avoir entendu les Litanies dans la Chapelle d’ Aracoeli, son Decline and Fall of the Roman Empire. Un ouvrage encore lu de nos jours.

Pour ceux qui ne voulaient pas faire de visite minutieuse, Rome offrait d’autres spectacles allant du divertissement au vulgaire et pathétique comme prises de voile ou mise à mort… Byron écrit : La cérémonie, incluant le prêtre masqué, le bourreau à moitié nu ; le criminel les yeux bandé ; le Christ noir et sa bannière ; l’échafaud; la lente procession et le raclement et la chute rapide de la hache ; l’éclaboussement de sang, et l’horreur de la tête exposée tout est plus impressionnant que  l’agonie comme un chien des victimes de la condamnation anglaise. Et puis, après le carnaval, on part pour Naples.

NAPLES ET LES CITES ENFOUIES

Bien sûr, pendant l’été quand les vents étaient favorables, le voyage par mer était attirant. Mais les retards causés par un changement de temps et les pirates étaient une menace, aussi préférait-on, généralement sur les conseils de Nugent, voyager par route avec un vetturino qui organiserait tout le voyage, repas compris.  Le vetturino prévoyait aussi les hébergements à Naples, l’excursion au Vésuve et Pozzuoli pour 5 couronnes le tout. Sans oublier, à Caserte, un arrêt au palais de Caserte dessiné par Luigi Vanvitelli pour le Roi de Naples dans les années 1750, d’ailleurs fini un an plus tard avec 1.200 chambres. Evidemment, ce voyage par l’intérieur n’était pas sans risque et William Beckford a essuyé un orage formidable en arrivant à Naples. Beckford, le lendemain matin, sous le soleil voyait les maisons blanches de Capri, au-delà des eaux calmes de Sorrento, et d’apercevoir le Vésuve avec de nombreux jardins à ses pieds. Les rues étaient remplies de gens en tenue d’été, de calèches, et soldats en parade. La joie de Beckford à cette vue a été partagée par presque tous les touristes de Stendhal à Goethe, sans oublier Lord Macaulay qui pensait que c’était le seul endroit en Italie qui avait le même dynamisme que les grands ports et villes anglais : Rome et Pise sont morts et ont disparu ; Florence n’est pas mort mais endormi ; tandis que Naples déborde de vie.

Robert Adam n’a jamais été aussi surpris et heureux qu’à la vue des Napolitains dans les rues le dimanche soir dansant à une musique de toute sorte en un style antique et Bacchanien tout à la fois, tandis que d’autres se rassemblaient dans des jardins, sur les pas de portes, mangeant, buvant, et jouant.

Le côté moins agréable est que cette grande ville (la 3è me en Europe) était très sale, peuplée de voleurs et d’enfants à moitié nus sautant et dansant au son de castagnettes, le tout se soulageant sans retenue dans la rue. Certains palais étaient aussi très sales et leurs propriétaires  manquaient, ici aussi, d’hospitalité au dire des touristes.

On ne pouvait pas compter non plus sur des divertissements à la cour car le Roi Ferdinand 1er (1759-1825) était vu comme très méprisants pour  les touristes. Heureusement il y avait le Consul de Grand-Bretagne, Sr William Hamilton, pour sauver Beckford de soirées ennuyeuses sinon déprimantes. Sa femme, Catherine Barlow, a fait de la résidence une Accademia di Musica où des concerts étaient donnés chaque semaine. Et comme toujours, les Anglais se retrouvaient dans différentes maisons telle que la Villa de Sara Goudar à Posilipo, ou dans des casinos organisés par des concitoyens comme la Villa Sir Francis Eyles, un expatrié.

Quant à l’opéra il était très apprécié de Lady Montagüe tandis que d’autres se plaignaient de la difficulté à entendre les performances à cause du bruit des spectateurs. Cette opinion est d’ailleurs partagée par le musicien et musicologue Charles Burney.

San Gennaro, à cette époque célébré en mai, était aussi l’occasion de grandes célébrations dans les rues -avec la tarantella, et pas question de dormir. Il valait mieux partir pour [Auteur in20] Herculanum dont les fouilles commencèrent vers 1738. Walpole écrivit à West en 1740 : nous avons vu aujourd’hui quelque chose sur laquelle je suis certain vous n’avez jamais rien lu ou entendu dire… peut-être une des curiosités les plus nobles jamais découvertes sinon par hasard à peu près un an et demi de ça… On a trouvé des statues, des ossements humains, du riz, médailles et quelques très belles peintures.

Dans la même période des fouilles commencèrent à [Auteur in21] Pompeï et à partir de ce moment-là aucun Grand Tour n’était vraiment accompli sans avoir visité ces deux sites et les différentes collections rassemblées à Naples. L’impression causée par ces découvertes étaient si fortes que Sacheverell Stiwell suggéra qu’il s’agissait d’une seconde Renaissance car ces ruines ruinèrent, en fait, le goût pour le rococo des aristocrates anglais et développèrent une certaine décoration intérieure d’après les frères Adam, dans les meubles et la poterie.

Tandis qu’une visite aux ruines des deux cités devint de rigueur après 1740, la montée au [Auteur in22] Vésuve, aussi difficile qu’elle fut, avait toujours été un must. Sir William Hamilton un volcanologue de grande  réputation l’a faite 25 fois en 4 ans. Quelques voyageurs en eurent du plaisir mais d’autres de mauvais souvenirs comme Boswell qui écrit : une ascension monstrueuse, de la fumée ; on voit à peu près rien. Et le Vésuve pouvait cracher ses flammes entourant le site de nuages sulfureux provoquant une certaine terreur.

Au retour de cette excursion, les touristes généralement se préparaient à repartir chez eux, parfois avec d’énormes bagages comme Lord Burlington qui rassembla 878 caisses et valises. En fait, tous les touriste achetaient quelque chose au cours de ce voyage : sculptures, peintures, objets de collection petit ou grand comme des livres précieux. Thomas Coke, par exemple acheta des peintures, statues, des bas-reliefs et un énorme buste de l’Empereur Lucius Verus, plus des manuscrits à Venise et, à Padoue une grande partie de la bibliothèque des Canons Réguliers de San Giovanni in Verdara qui avait ceci en leur possession depuis le 15è siècle.

Quant à Lord Burlington il compléta ses acquisitions avec une bague en diamants de 1.350 couronnes, une table en marbre de Carrare, des vases en porphyre et 12 miniatures de Rosalba Carriera.  Sans parler des instruments de musique : viole de gambe, et 2 harpes. Enfin, quand il arriva à Burlington House il était accompagné du sculpteur Giovanni Battista Guelfi qui décora le jardin de Chiswick House, et Pietro Castrucci qui allait devenir premier violon dans l’orchestre d’opéra de Handel.

Mais si l’influence de l’Italie sur Burlington a été décisive, son influence sur les générations suivantes étaient à voir…

EPILOGUE

Durant la période faste du Grand Tour, de nombreux débats furent tenu sur son bénéfice réel. Adam Smith, tuteur du Duc de Buccleuch 3ème du nom, déclara que bien que son élève eut beaucoup appris durant ce voyage ce n’était pas le cas de tous, loin de là. Cette opinion était partagée par des célébrités et des parents, et certains comme de Brosses dirent clairement que l’argent dépensé à Rome ne valait pas la peine car les jeunes gens intelligents auraient tout de même appris beaucoup dans leur pays. Mais tout n’est pas aussi négatif.

En effet, rien ne vaut comme voir les œuvres d’art dans leur environnement, voir les gens vivre même si on n’apprécie pas vraiment leur art de vivre. Enfin, la distance avec la famille et ses obligations, ses structures, aidaient ces jeunes gens à jeter leur gourme sans culpabilité, ou presque. Certes il y eut des déceptions par rapport aux rêves sur l’Italie en général, sur la facilité à voyager, sur le savoir académique que l’on pouvait espérer ; il y eut des maladies, des morts, violentes ou de maladie -assez rares cependant- mais il eut aussi la découverte de la lumière, de paysages incroyables comme les Alpes, l’effacement de la pudibonderie devant les statues et peintures réalistes des peintres italiens, ces femmes nobles moins faciles que prévu, mais aussi la putana qui leur apprit leur virilité. Comment oublier la puanteur de Venise, mais surtout ses perspectives, son carnaval, ses Calle ? Florence semblait endormie dans le médiéval, mais il y eut le Boboli, la Cathédrale, le Baptistère, même bruyants, et tant d’ œuvres  exposées ainsi, au public. Les mauvaises routes, les mauvaises auberges, le marchandage incessant, mais aussi l’observation d’un autre mode vie, la vue d’une ville magnifique au loin : Turin, Milan, Padoue, Venise, Bologne, Florence, Rome, Naples, Pompeï, Herculanum (Paestum était absolument trop chaud pour s’y risquer), [Auteur in23] d’apprentissage en escapades, une génération gâtée !

Sans oublier la musique écoutée et répertoriée par [Auteur in24] Charles Burney.


 [Auteur in1]Image 1 p. 43

 [Auteur in2]Hibbert p. 33

 [Auteur in3]Hibbert p. 42

 [Auteur in4]Images 1 & 2 Hibbert p. 96

 [Auteur in5]Hibbert p. 105

 [Auteur in6]Image : Gibbon

 [Auteur in7]Image Hibbert p. 102

 [Auteur in8]Hibbert p. 110

 [Auteur in9]Hibbert p. 117

 [Auteur in10]feuille

 [Auteur in11]Hibbert p. 126

 [Auteur in12]Tiepolo p. 135

 [Auteur in13]Guardi p. 135

 [Auteur in14]Hibbert p. 131

 [Auteur in15]Hibbert p. 122

 [Auteur in16]Hibbert p. 141

 [Auteur in17]Hibbert p. 144

 [Auteur in18]Hibbert p. 163

 [Auteur in19]Liste sur fiche p. 180

 [Auteur in20]Hibbert p. 191

 [Auteur in21]Hibbert p. 187

 [Auteur in22]Hibbert p. 191

 [Auteur in23]Black -photos

 [Auteur in24]CD

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