Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique… (1)

La science -qu’elle soit philosophique ou autre- nous explique que tout a ou aurait commencé par une explosion, ou une collision, ou un nano élément (mais encore infiniment plus petit) aurait échappé d’un trou de néant, sans fond, mais en fait même ceci a eu un commencement. Si en philosophie le « rien » existe, alors en ce qui concerne la matière que je dirais dure, touchable, visible, il y a eu ce moment, cet instant qui a tout mis en branle. Que ce soit un souffle léger ou bruyant, ce fut un son, une volonté, un désir. La première Parole, la Parole d’origine, donc de vérité pure qui nous est transmise pour nous aider à tracer notre chemin d’humains, celle que nous devons écouter pour tracer une ligne de beauté et d’amour. Si nous acceptons que le souffle-parole commença toute chose, tout notre univers, alors nous pouvons accepter qu’elle se concrétise dans tout notre environnement, la nature et les autres hommes, nos alter egos. Si nous comprenons, vivons la Parole comme cette promesse de beauté, nous devons l’écouter pour transmette cette promesse en nous et autour de nous. Si la Parole est le commencement de tout, elle est l’unique vérité. Et en tant qu’unique elle est vraiment au centre de la préoccupation de la vérité de l’être. Son moi le plus profond. Son seul moi, peut-être… seul parce que vrai « en vérité ». Ceci me conduit obligatoirement à ma parole, car elle m’a été donnée par la première Parole, celle de Dieu. Elle m’a été donnée pour j’écoute celle qui est ma source afin d’exprimer mes choix dans une liberté qui devrait me faire grandir, m’aider à vivre ma ressemblance avec Dieu, mon créateur. Dans le cas précis de ma foi chrétienne, ce n’est plus donc plus ma parole qui est en cause sinon à un niveau secondaire car elle n’est qu’un outil, mais celle de Dieu. Je peux même me demander de quel droit aurais-je à l’analyser tant sa vérité est profonde, insondable, fascinante et inatteignable à la fois si ce n’est qu’elle devrait être mon énergie, mon vécu de la foi. Il me faut donc la comprendre à un niveau relationnel : de Dieu à moi, dans le mystère de Dieu et dans mon mystère ou mon obscurantisme, mes ténèbres. Pourquoi est-ce si difficile d’écouter cette Parole ? Peut-être parce qu’apparemment elle est facile. Facile à entendre, et aussi parce que très souvent on commence par la lire, puis on l’entend (comme une histoire connue en somme) et pourquoi faudrait-il l’écouter ? L’histoire rapportée n’est-elle pas immédiatement intéressante, captivante même, surprenante, mais en somme les mots, les faits, les aventures qu’elle soumet au lecteur ou auditeur ne paraissent pas bien mystérieux, sauf que… Sauf qu’il y a le pourquoi l’avoir écrite cette histoire, et pourquoi je la lirais.

Pourquoi je la lirais, je m’y attarderais, j’y reviendrais, je la questionnerais. Autant de questions que l’on se pose pour un bon livre. Mais pour un bon livre, le lecteur fait rapidement le lien avec le monde extérieur et les êtres humains qui le peuplent. Rarement, bien que cela arrive, avec soi-même en profondeur. On cherche dans un livre dit universel, un mieux vivre avec les autres qui passe par l’intelligence, un instrument qui ne nous met pas vraiment dans le monde environnant, sinon passagèrement. Mais les mots de la Bible ne sont pas des mots d’un auteur en particulier doué d’une imagination exceptionnelle : ils ne nous rapportent pas une histoire sensationnelle mais nous posent dans l’histoire : nous marchons avec le Peuple élu, nous marchons et écoutons Jésus car nous sentons que les mains qui ont écrit n’étaient que les mains d’un souffle au cœur des événements.  Je ressens ceci car je perçois bien qu’il n’y a pas d’intrigue dans ces millénaires de marche mais des hommes et des femmes qui se recherchaient, se heurtaient, se trompaient eux-mêmes et les uns les autres, mais qu’ils étaient dans leur vérité profonde, celle qui n’est pas facile à trouver, sentir, accepter. Et en eux, je me reconnais : je vais et viens souvent selon la compréhension de la Parole quotidienne, je vois et regarde, j’entends et j’écoute. Du moins essaie-je de l’écouter. Parfois je décide de l’entendre seulement car écouter peut me pousser à prendre des décisions exigeantes, en profondeur, que ce soit vis-à-vis des autres ou de moi-même. Mais quand je l’écoute, elle me surprend souvent : elle me replace dans la marche vers la vision de l’Amour de Dieu pour moi, vers la compréhension vécue de l’action de l’Esprit Saint en moi… Mais elle me montre ou me fait sentir mes manques car le plus souvent elle est dans l’ombre de mon ego… ou de ma préoccupation de l’instant, du moment, préoccupation souvent bien humaine, matérielle…  Je m’esquive car je sais que cette Parole est ma source, et que celle-ci peut être boueuse mais, comme l’écrit Leonard Cohen Tu m’as caché dans la montagne de ta parole. Tu as donné à la blessure une langue pour guérir.

Mais l’écoute de la Parole n’est pas que pour moi, ou ne devrait pas l’être car sa pratique, sa mise en actes touche les autres, le prochain. A quoi servirait son écoute en profondeur si ce n’était pour me guider dans mon rapport avec l’autre ? Comment puis-je savoir si je la pratique vraiment ? Les choix quotidiens sont souvent presque instantanés, rapides, à la limite du réfléchi. Je peux toujours dire que la politesse, l’accueil sont une pratique de cette Parole, mais pourrais-je, comme Micheline et son mari pardonner au conducteur qui a accidentellement tué mon enfant ? Serais-je capable d’un tel cheminement ? Ma foi est-elle à ce point « en vérité » ? Cependant, il faut continuer d’essayer car, pour paraphraser le pape François dans sa lettre encyclique « Fratelli tutti » (277) : si je perds la musique de l’Evangile je perdrai tendresse et compassion, je perdrai « la mélodie qui nous pousse à lutter pour la dignité de tout homme et toute femme…Pour nous, cette source de dignité humaine et de fraternité se trouve dans l’Evangile de Jésus-Christ. »

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