Ils seront ma mère et mes frères ! (Lc 8, 21 et 11, 28)

Ils seront ma mère et mes frères ! (Lc 8, 21 et 11, 28)

Quand nous lisons pour la première fois cette Parole de Jésus « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique » nous sommes, nous pouvons être, du moins dans notre civilisation, suffoqués, interloqués et nous devenons juges en pensant que Jésus, au milieu de son groupe de disciples et de ses auditeurs, relègue sa mère au second rôle de personnage ordinaire qui aurait dû l’écouter, lui, et le suivre. Nous pouvons penser qu’il y a là une espèce de rejet de la part de ce fils peut être frustré de ne pas avoir été compris par sa mère, et sa famille en général. Mais nous le plaçons alors dans une attitude purement, strictement humaine : nous oublions que Jésus est l’Incarnation, donc il ne peut avoir des sentiments d’adolescent rancunier envers sa mère. Nous devons comprendre, au contraire, qu’Il englobe sa mère -et ses frères- dans la Parole qu’il transmet à son groupe. Par ses mots, Jésus enveloppe Marie de la Parole de Dieu, il la loge au sein de cette Parole et ainsi il la définit pour les autres, leur fait reconnaître toute sa foi sans condition, sans discussion, sans aucun doute. Il souligne ainsi que Marie, qui l’a engendré non seulement par son acceptation de la demande de Dieu, est en lui et lui en elle car elle a écouté la Parole du Père et l’a mise en pratique.

Par l’exemple de Marie, écouter devient alors se transformer pour vivre en union fondamentale avec le Père. Mais se transformer prend du temps, et nous ne sommes que perpétuelles ébauches. Comme une ébauche nous devons effacer le trait pour le corriger : qu’il soit plus clair, plus net, plus inspirant pour celui ou celle qui le regardera, le verra. Un travail que les moines connaissent bien, eux qui ruminent la Parole à tous les instants, chaque jour. Un travail que les mères connaissent bien, elles qui doivent ruminer la Parole afin de pouvoir aider leurs enfants, chaque enfant selon sa personnalité, elles qui doivent accepter ces chutes qui nous laissent sans voix, sans souffle, ces départs dans la mort parfois, afin que celle-ci devienne lumière… Elles doivent être, comme l’écrit Zundel, l’Evangile au quotidien car la seule véritable Espérance, celle qui porte, celle qui assure les pas, celle qui montre le chemin d’un trait ferme, cette Espérance est dans la mise en pratique de la Parole, dans ce qu’elle suggère de bon, de bien, d’évidence.

Mon Espérance se nourrit de la Parole. Mais si la première est, somme toute, constante, la connaissance et le support de la deuxième est plus aléatoire, embrouillée dans le quotidien…

En effet, cette écoute, cette recherche de la compréhension profonde de la Parole est aussi, parfois, un abandon de l’être que nous sommes, ou croyons être. L’écoute active de la Parole est un dépouillement, comme peler un oignon, peau après peau : sous le trait épais de l’ébauche, un trait plus fin, encore plus fin, encore et encore, jusqu’à disparaître dans la vérité, qui est la lumière fulgurante de la beauté infinie, insaisissable mais stupéfiante de cette Parole qui nous hisse dans cette barque dont les flancs nous réconfortent, nous rassurent, nous disent que nous pouvons être « Jésus pour les autres » si, et seulement si nous en faisons notre action en vérité. Mais il me faut un dictionnaire, et ce dictionnaire ne peut être que Marie, elle qui est unie en Jésus et partage son chemin de confiance avec nous, vers Lui, au sein de la Parole.

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