Hannah ARENDT (1906-1975)

Le sens de la révolution :

  • Libération : avoir le droit de réunion, de pétition, liberté de mouvement, dégagement d’une contrainte, de nos peurs, etc.
  • Liberté : « participer aux affaires publiques ou accéder à la sphère publique
  • La libération est une condition de la liberté « nul ne serait en mesure d’atteindre le lieu où règne la liberté s’il ne pouvait circuler sans entrave. »
  • La révolution à l’époque moderne s’est toujours préoccupée  à la fois de libération et de liberté.
  • L’aspiration à la liberté nécessite la mise en œuvre d’une forme de gouvernement inédite, ou plutôt redécouverte : la constitution de la république.
  • RA : la prise de parole et de décision, l’éloquence oratoire et la gestion des affaires, la réflexion et la persuasion, et l’action en soi prouvèrent la nécessité de mener cette revendication à sa conclusion logique : l’indépendance et la fondation d’un corps politique nouveau.
  • Ce que les révolutions mirent en évidence, c’était cette expérience d’être libre, une expérience toute nouvelle au regard des siècles séparant la chute de l’Empire romain de l’aube des temps modernes.
  • Expérience de l’aptitude humaine à commencer quelque chose de nouveau. C’est cette aptitude que l’on retrouve dans la RA et la RF
  • C’est seulement là où la nouveauté existe et là où cette nouveauté est reliée à la liberté que nous pouvons parler de révolution.
  • Là où la libération de l’oppression vise au moins à instaurer la liberté, là seulement on peut parler de liberté.
  • L’esprit révolutionnaire des derniers siècles, càd la soif de libération et de création d’un cadre nouveau où la liberté puisse s’établir, est sans précédent et sans équivalent dans toute l’histoire antérieure.
  • Un phénomène est historique quand on peut le rattacher au moment où le mot pour le désigner apparaît pour la première fois. C’est doublement vrai dans la sphère du politique où le verbe règne en maître.
  • Machiavel a été le premier  à réfléchir à la possibilité de fonder un corps politique permanent, durable, pérenne.
  • Machiavel est aussi le premier à discerner l’émergence d’un domaine purement séculier dont les lois et les principes d’action ne dépendaient plus des enseignements de l’Eglise, ni de la morale, transcendant ainsi la sphère des affaires humaines en général.
  • Les révolutions débutèrent comme des restaurations ou des rénovations et le pathos révolutionnaire de l’ absolument nouveau naquit seulement au cours de l’événement lui-même.
  • Machiavel : l’accent insigne qu’il met sur le rôle dans la politique, qui n’a jamais cessé de choquer les lecteurs mais qu’on retrouve dans les paroles et les actes de la RF.
  • Dilemme de Machiavel : la fondation, la mise en œuvre d’un nouveau commencement, qui, en tant que tel, semblait requérir la violence et la violation, en quelque sorte la réitération du crime légendaire qui existe au commencement de toute histoire. Cette tâche de fondation se doublait d’une autre, celle de légiférer, d’inventer et d’imposer une autorité nouvelle. (différente de l’absolutisme découlant d’une autorité de droit divin).
  • Chez Machiavel cette violence est un outil pour trouver chez certains êtres quelque réalité qui rivaliserait avec celle qu’on associe au droit divin.
  • La libération au sens révolutionnaire du terme en vint à signifier que tous ceux qui avaient vécu dans la sujétion et la misère devaient se soulever et devenir les souverains suprêmes.
  • L’idée d’égalité était totalement inconnue avant l’époque moderne.
  • Aucun soulèvement dans les époques précédentes ne désignait un changement aussi radical que celui où les sujets deviennent eux-mêmes les maîtres.
  • D’un point de vue psychologique, l’expérience de la fondation, et la conviction qui va de pair, d’une histoire nouvelle sur le point de se déployer dans l’Histoire rendent les hommes « conservateurs » et non « révolutionnaires ».
  • le terme même de révolution, relativement ancien, ne prit que lentement son acception nouvelle qui reflète cette aversion pour ce qui est neuf.
  • Le fond du problème c’est que l’extraordinaire pathos relatif à une ère nouvelle ne se manifesta qu’une fois que les acteurs de la révolution furent parvenus, largement contre leur gré, à un point de non-retour.
  • Les révolutions du 17 et 18è siècles se voulaient des restaurations (en Angleterre : Glorieuse Révolution).
  • L’exigence d’un Constitution écrite par les Niveleurs (Cromwell) anticipe l’une des réalisations les plus importantes de la RA.
  • Les RF et RA furent toutes deux l’ œuvre, à leur stade initial, d’hommes fermement convaincus de faire que restaurer un ordre ancien mis à mal et bafoué par le despotisme de ma monarchie absolue ou les abus de l’ordre colonial. Ils alléguaient en toute sincérité vouloir revenir au temps où les choses étaient comme elles devaient être. 
  • RA : n’a pas dévoré ses enfants, et ceux qui avaient commencé la révolution l’achevèrent, t même vécurent pour accéder au pouvoir et aux fonctions officielles créées par le nouvel ordre des choses. Ce qu’ils avaient cru être une restauration devint une révolution avec la Déclaration d’Indépendance. Mais le mouvement qui mena à la révolution ne fut pas révolutionnaire. (Franklin)
  • Désir de retour à une époque première quand ils possédaient des droits et des libertés dont la tyrannie et la conquête les avaient dépouillés.
  • Pas de période dans l’histoire à laquelle la Déclaration des droits de l’homme eût pu se référer. (« homo » > rien qu’un homme, càd un esclave.)
  • Toute cette notion d’inédit et de nouveauté existait avant les révolutions, et cependant elle en fut foncièrement absente à leurs débuts. Cet homme nouveau, cette terre nouvelle, étaient considérés comme un don de la Providence et non comme une production humaine > la lenteur au pathos de la nouveauté à rejoindre le domaine de la politique. (avènement de la « multitude »).
  • Ce n’est qu’au 18è siècle que les hommes s’avisèrent qu’un nouveau commencement pouvait constituer un phénomène politique, qu’il pouvait résulter des actes des hommes et même de ce qu’ils pouvaient consciemment décider de faire.
  • Dès que la nouveauté atteignit la place publique, elle devint le commencement d’une nouvelle histoire, inaugurée par des hommes agissant, histoire qui devait être poursuivie, étoffée, prolongée par leur postérité.
  • « C’est une révolte » « Non sire, c’est une révolution. » > Liancourt répondait que ce qui s’était produit là était irrévocable et dépassait le pouvoir d’un monarque.
  • Et cette multitude qui apparaît pour la première fois au grand jour était véritablement celle des pauvres et des opprimés, celle que les siècles passés avaient reléguée dans l’obscurité et la honte.
  • La chose publique -réservée à ceux qui étaient « libres »- allait offrir son espace et sa lumière à l’immense majorité de ceux qui ne  sont pas libres parce qu’ils sont soumis à des besoins quotidiens.
  • L’idée d’un mouvement irrésistible que le 19è allait bientôt transposer dans le concept de nécessité historique résonne du début à la fin à toutes les pages de la RF : on introduit un vocabulaire entièrement nouveau dans le langage politique.
  • Selon Robespierre : crimes de la tyrannie et et progrès de la liberté s’aiguillonnaient inévitablement l’un l’autre , d’où un courant de violence croissante qui s’écoulait dans la même direction avec une rapidité sans cessa accrue.
  • C’est la tempête révolutionnaire qui met la révolution en marche, cet ouragan qui balaya ou qui submergea le commencement inoubliable et jamais totalement oublié, l’affirmation de la grandeur des hommes face à la petitesse des grands (Robespierre) ou la défense de l’honneur (Hamilton). On eût dit qu’une force surhumaine était intervenue, lorsque les hommes commencèrent à affirmer leur grandeur et à défendre leur honneur.
  • Si on leur avait accordé ne serait-ce qu’un moment de réflexion, dans la sobriété, comment auraient-ils pu croire qu’ils étaient ou qu’ils aient jamais été les auteurs de leurs propres actes ? Aucun des acteurs ne put maîtriser le cours des événements. La force de l’histoire et de la nécessité historique.
  • Au lieu de l’idée, c’est la nécessité qui est devenue la catégorie principale de la pensée politique et révolutionnaire.
  • Sans la RF il paraît douteux que la philosophie eût tenté de s’intéresser au champ des affaires humaines, càd de découvrir une vérité absolue  dans un domaine relatif par définition.
  • Si l’histoire devait être histoire du monde la vérité qui se révélerait devait être esprit du monde.
  • Liberté qui serait le fruit de la nécessité.
  • Ce fut la RF qui enflamma le monde et en conséquence ce fut le cours de la RF et non l’évolution des événements en Amérique ou les actes des Pères fondateurs qui fournit au mot « révolution » ses connotations et ses nuances.
  • L’ Américain du 20è est souvent enclin à interpréter la RA à la lumière de la RF. La triste vérité est que la RF s’acheva en désastre mais en façonnant l’histoire du monde, alors que la RA, une réussite si triomphale, est demeurée un événement de portée régionale.
  • RF : l’histoire les a dupés et ils sont devenus les dupes de l’histoire : une sorte de ridicule grandiose dans le spectacle de ces hommes se soumettant, souvent du jour au lendemain, humblement, sans même un cri de révolte, à l’appel de la nécessité historique, si folle et incongrue soit-elle.

      La question sociale

  • la nécessité récurrente à laquelle toute vie humaine se trouve assujettie.
    • Lorsque les pauvres, poussés par le besoin, firent irruption sur la scène de la RF, la métaphore de l’astronomie perdit ses anciennes connotations pour acquérir l’imagerie biologique qui sous-tend et imprègne les théories organicistes et sociales de l’histoire, l’image d’un corps surnaturel, mû par une volonté générale unique, surhumaine, irrésistible.
    • L’existence de la pauvreté, la pauvreté est un état de besoin constant et de misère aiguë dont toute l’ignominie tient à sa force de déshumanisation. C’est sous l’empire de cette nécessité que la masse se rua pour prêter main-forte à la RF, l’inspira, la poussa et finit par la conduire à sa perte.
    • La liberté dut capituler face à la nécessité, face à l’acuité du processus vital lui-même. Ce furent la nécessité, les besoins pressants du peuple qui déchaînèrent la Terreur et menèrent la R à sa perte.
    • [Robespierre] dans son dernier et prophétique discours : « Nous périrons parce que, dans l’histoire de l’humanité, nous n’avons pas su trouver le moment de fonder la liberté. » … coalition de la misère et de la nécessité qui détourna leur attention suffisamment longtemps pour leur faire manquer ce ‘moment historique’. … le but de la révolution était devenu « le bonheur du peuple ».
    • (les intentions originelles des hommes des révolutions sont de fonder la liberté)
    • les révolutions tombèrent définitivement sous l’empire de la RF en général et sous  la prédominance de la question sociale en particulier.
    • Ce que Marx apprit de la RF c’est que la misère peut se révéler une force politique de premier ordre.
    • Marx a contribué à libérer les pauvres en les convainquant que la misère était en soi un phénomène politique et non un phénomène naturel, le résultat d’une violence et d’une violation plutôt que la pénurie.
    • La place de Marx dans l’histoire de la liberté humaine restera à tout jamais ambiguë.
    • [Marx] : le rôle de la révolution n’était plus de libérer les hommes de l’oppression de leur semblables mais de libérer le processus vital de la société des fers de la pénurie pour lui permettre de croître dans l’abondance.
    • La nécessité ne saurait jamais se réduire simplement à la violence et à la violation ni s’y absorber complètement.
    • Politiquement, ce renversement (cf p. 95) le [Marx] conduisit à une véritable capitulation de la liberté devant la nécessité.
    • [Lénine] Il était convaincu qu’un peuple peu évolué dans un pays arriéré serait incapable de surmonter la misère dans des conditions de liberté politique, incapable, à coup sûr, de vaincre la misère et de fonder la liberté en même temps.
    • L’idée que la misère puisse aider les hommes à briser les chaînes de l’oppression n’existait pas avant la RF. (pas d’esprit de liberté égale partout).
    • Ce dont il faut se souvenir, c’est que la RA fur un succès sans pour autant inaugurer le « novus ordo  saeclorum », que la Constitution a pu être établie « dans les faits », dotée d’une « existence réelle, sous une forme visible » sans pour autant devenir « à la Liberté ce que la grammaire est au langage. »
    • Ce qui était absent de la scène américaine c’étaient la misère et le dénuement et non la pauvreté.
    • Ils [les travailleurs américains] n’étaient pas poussés par le besoin, et la révolution ne fut pas submergée par eux. Le problème qu’ils posaient était politique, il ne portait pas sur l’ordre social mais politique. Mais le travail incessant posait l’obligation d’être représenté.
    • La réflexion de John Adams sur les conséquences écrasantes de la pauvreté ne pouvait guère être partagée par les pauvres eux-mêmes ; et comme cela restait un savoir privilégié, il n’eut que peu d’influence sur l’histoire des révolutions ou sur la tradition révolutionnaire.
    • Quand les pauvres devinrent riches, au lieu de faire leur entrée sur la place publique, où l’excellence peut briller, ils préférèrent en quelque sorte ouvrir les portes de leurs demeurent à la « consommation ostentatoire », étaler leur richesse et montrer ce qui, par nature, n’est pas fait pour être vu de tous.
    • Singularité : les Pères fondateurs ne semblent pas avoir vu la misère existante : l’esclavage et le travail des Noirs. La compassion ne s’est exercée qu’en dehors du domaine politique et souvent en dehors de la hiérarchie ecclésiastique. Mais cette attitude était sur le point de disparaître car s’établit, selon le mot de Rousseau une « répugnance innée à voir souffrir un de nos semblables ». Et la seule révolution où la compassion n’a joué aucun rôle dans la motivation des protagonistes fur la RA.
    • L’esclavage était « l’invisible » et Jefferson comme ses pairs, étaient convaincus à cause de leur peur de Dieu que l’institution de l’esclavage était incompatible avec la fondation de la liberté, mais par par leur pitié ou solidarité.
    • … éducation, laquelle revêtait une grande importance à leurs yeux, non pour permettre à chaque citoyen de s’élever dans l’échelle sociale, mais parce que le bien du pays et le fonctionnement de ses institutions politiques dépendaient de l’instruction de tous le citoyens.
    • … les citoyens fussent divisés en deux classes : les travailleurs et les instruits. (107)
    • seul le fléau de la misère, et non la frustration individuelle ou l’ambition sociale, peut susciter la compassion.
    • [RA] ils se sentaient appartenir au peuple et n’éprouvaient nul besoin de s’en déclarer solidaires.
    • En France , les gouvernements révolutionnaires n’étaient ni du peuple ni par le peuple, mais dans le meilleur des cas ils ont agi pour le peuple et dans le pire des cas en vertu d’une usurpation du pouvoir souverain par de prétendus représentants qui s’étaient eux-mêmes placés dans une indépendance absolue par rapport à la nation.
    • L’inconvénient, c’était que la différence principale entre la nation et ses représentants résidait dans la différence flagrante de conditions sociales, qui se révéla seulement une fois la révolution accomplie. La libération de la tyrannie n’était synonyme de liberté que pour la minorité et se faisait à peine sentir pour la majorité qui demeurait accablée par la misère.
    • … effort de solidarité que Robespierre appelait la vertu càd que l’on ait le bien du peuple à l’esprit, que l’on identifiât la volonté individuelle à celle du peuple, et ce effort était orienté en premier lieu vers le bonheur du plus grand nombre.
    • Le « peuple » est le mot clé pour qui veut comprendre la RF. Pour la première fois ce mot procédait de la compassion, et le terme devint synonyme de malheur et d’infortune.
    • Dans la capacité à souffrir avec l’immense classe des pauvres, jointe à la volonté d’ériger la compassion au rang de passion politique suprême, la plus haute des vertus politiques.
    • Les jacobins (Robespierre) croyaient au peuple plutôt qu’à la République. Ce changement de gouvernement (contre les Girondins) mettait en valeur la notion de « volonté générale » au lieu de « volonté de tous », notion de consentement de Rousseau.
    • Le mot « volonté » proscrit par essence tout processus d’échange d’opinions et un accord éventuel entre elles. Il n’y a pas de médiation possible entre les volontés comme il y en a entre les opinions.
    • La qualité particulière de cette volonté générale c’était son unanimité, et quand Robespierre invoquait l’opinion publique il entendait par  là l’unanimité de la volonté générale.
    • La volonté générale était la puissance unificatrice de la multitude.
    • Rousseau souhaitait découvrir à l’intérieur de la nation elle-même un principe d’unification qui vaudrait aussi pour la politique intérieure. Pour lui, il fallait un ennemi commun et un tel ennemi existait dans chaque citoyen, à savoir, dans sa volonté singulière et son intérêt particulier.C’est la somme totale des intérêts particuliers de tous les citoyens qui constitue l’ennemi commun à l’intérieur de la nation.
    • Volonté-intérêt : ensemble de la théorie politique de Rousseau. Il admet que la volonté est une sorte de déclinaison automatique de l’intérêt ; il s’ensuit que la volonté générale correspond à l’intérêt général du peuple et de la nation considérés comme un tout. D’où la notion d’union sacrée.
    • La théorie de la terreur présuppose que l’intérêt de tous doit automatiquement s’opposer à l’intérêt particulier des citoyens.
    • La conviction la plus profonde de Rousseau était que la valeur d’une politique se mesure à son opposition à tous les intérêts particuliers, de même que la valeur d’un homme peut être jugée au fait qu’il agit contre ses propres intérêts et contre sa volonté propre.
    • Pour Robespierre il allait de soi que la seule force qui pouvait et devait unir les différentes classes sociales en une seule nation était la compassion de ceux qui ne souffraient pas envers ceux qui étaient malheureux. La compassion des classes supérieures envers le petit peuple.
    • Nous avons tendance à sous-estimer l’importance des plaidoyers en faveur de la passion, du cœur, de l’âme, et surtout pour l’âme scindée en deux de Rousseau.
    • Ce qui comptait ici, dans c e grand élan de solidarité humaine, c’était l’oubli de soi, la capacité de se perdre dans la souffrance d’autrui plutôt que la bonté agissante.
    • La vertu – inférieure sans doute à la bonté, elle n’en est pas moins seule capable de s’incarner en institutions durables – doit l’emporter aussi aux dépens de l’homme bon.
    • Les lois et toutes les institutions durables s’effondrent sous l’assaut non seulement du mal élémentaire mais tout autant sous le choc de l’innocence.
    • Les hommes de la RF : l’intérêt passionné qui sous -tendait leurs théories : l’intérêt pour la souffrance de la multitude.
    • La compassion, de par sa nature même ne peut être suscitée par les souffrances de toute une classe, d’une population et encore moins de l’humanité entière. La compassion abolit la distance.
    • Renversement par les hommes de la RF : remplacement de la notion de péché originel par celle de bonté originelle.
    • Robespierre perdit la capacité à établir et maintenir des rapports avec des personnes dans leur singularité. C’est là qu’il faut chercher les racines de sa surprenante déloyauté qui préfigurait la perfidie plus grande encore qui devait jouer un rôle si monstrueux dans la tradition révolutionnaire. Depuis la RF, c’est cette infinitude de sentiments qui a rendu les révolutionnaires étrangement insensibles à la réalité en général et à celle des personnes en particulier.
    • D’un point de vue politique, on peut dire que le mal intrinsèque à la vertu chez Robespierre résidait dans son manque de limites.
    • Le pouvoir du peuple, fraîchement conquis, jamais dûment constitué, dégénéra en un abime de violences.
    • RA : son orientation demeurait engagé dans la fondation de la liberté et l’établissement d’institutions durables ; RF : elle dévia d’emblée de son cours fondateurs en raison de l’immédiateté de la souffrance ; ellef ut déterminée par les exigences de libération vis-à-vis de la misère, et fut poussée à agir par l’immensité sans limites de la misère du peuple et de la pitié que celle-ci suscitait.
    • Si criminels, ou si emplis de bestialité qu’aient été les actes qui contribuèrent à la colonisation du continent américain ils restaient des actes individuels.
    • Pour les fondateurs le mot peuple gardait sa signification de multiplicité, d’infinie variété d’une multitude dont la majesté résidait dans sa pluralité.
    • Ils savaient que dans une république, l’espace public est constitué par un échange d’opinions entre égaux ; Cet échange disparaît si une opinion est commune.
    • Le problème politique que recèle la misère du peuple, c’est que la multiplicité peut en fait offrir les apparences de l’unicité.
    • La sagesse supérieure des fondateurs américains au plan de la théorie comme de la pratique n’a jamais possédé une force de conviction une plausibilité suffisantes pour prévaloir dans la tradition révolutionnaire.
    • La suspicion était inconnue des révolutionnaires américains car elle émane en droite ligne de cet accent mis à tort sur le cœur en tant que source de la vertu politique.
    • La violence de la Terreur fut une réaction contre une série de serments trahis, de promesses non tenues, l’équivalent parfait, sur le plan politique, des intrigues de cour.
    • Aucune révolution n’a jamais résolu la question sociale ni libéré les hommes du fléau du besoin, mais toutes les révolutions, à l’exception de la révolution hongroise de 1956, ont suivi l’exemple de la révolution française, ont usé et abusé des formidables forces de la misère et du dénuement dans leur lutte contre la tyrannie ou l’oppression.
    • La nécessité en mouvement était totalement absente des expériences aussi bien de la RA que de la société égalitaire américaine.

La quête du bonheur :

  • Aucune révolution n’est possible là où l’autorité du corps politique st réellement intacte, en d’autres termes, dans un contexte moderne, là où on peut faire confiance aux forces armées pour obéir aux autorités civiles.
  • … là où la perte de l’autorité est tout à fait manifeste, les révolutions ne peuvent éclater et réussir que s’il se trouve un nombre suffisant d’hommes qui sont préparés à cet effondrement et qui, simultanément, en voulant assumer le pouvoir, sont impatients de s’organiser et d’agir ensemble en vue d’un dessein commun.
  • Plus de 40 ans avant l’éclatement de la RF, Montesquieu avait conscience de la détérioration qui rongeait lentement les fondations sur lesquelles les structures politiques de l’Occident reposaient,et il redoutait un retour au despotisme. … Il craignait au contraire que la liberté ne vînt à disparaître de la seule place forte qu’elle eût jamais trouvée.
  • Montesquieu fut le premier à savoir prédire de manière explicite la facilité incroyable avec laquelle on pourrait renverser les gouvernements.
  • Cette évolution politique faisait partie intégrante de l’évolution générale des temps modernes. En gros on peut traiter ce processus comme l’effondrement de la vieille trinité romaine de la religion, de la tradition et de l’autorité. L’effondrement politique fut précédé par la disparition de la tradition et de l’affaiblissement des croyances religieuses institutionnalisées.
  • Si les hommes, qui de part et d’autre de l’Atlantique, étaient prêts à faire la révolution avaient quelque chose en commun c’était leur intérêt passionné pour la liberté publique. Ils n’avaient aucune prédilection pour la révolution, mais, comme le dit John Adams, ils y furent appelés sans y être attendus et forcés d’agir sans inclination préalable. Cependant, Adams ajoute, « la révolution était accomplie avant que la guerre ne commençât. » parce que les gens des colonies étaient groupés en corporations ou corps politiques et avaient le droit de tenir leurs assemblées municipales pour y délibérer des affaires publiques.C’est dans ces assemblées de villes ou de districts que se façonnèrent d’abord les sentiments du peuple.
  • Tocqueville : « le goût ou la passion de la liberté publique » : ce qui en France était un goût ou une passion était aux USA, en particulier au 18è, une expérience car on invoquait là le « bonheur public où les Français invoquaient « liberté publique. »
  • Adams : les gens se rendaient aux assemblées municipales parce qu’ils aimaient discuter, délibérer et prendre des décisions. Ce qui les poussait c’était le désir passionné de se distinguer. La vertu de ce désir passionné, il l’appelait l’émulation, le désir d’être meilleur qu’autrui, et son vice, il l’appelait l’ambition.
  • C’est le désir d ‘exceller qui fait que les hommes aiment le monde et se plaisent à fréquenter leurs pairs, et qui les conduit à prendre part aux affaires publiques.
  • Par comparaison, la préparation des hommes de lettres français qui devaient faire la révolution était on ne peut plus théorique. Ils n’avaient, pour les guider et les inspirer que les idées et les principes qu’ils n’avaient pas soumis à l’épreuve de la réalité, tous conçus, formulés, avant la révolution. Mais lorsque ces mots, et les rêves qu’ils recouvraient, commencèrent à se manifester d’eux-mêmes dans les premiers mois ce fut une ivresse dont l’élément clé fut la foule, la masse.
  • Les Pères fondateurs se considéraient comme des maîtres en science politique parce qu’ils osaient et savaient mettre en application la sagesse accumulée par les siècles passés.
  • Sans l’érudition enthousiaste des Pères fondateurs aucune révolution n’aurait eu lieu.
  • La liberté publique ou politique furent les principes qui inspirèrent et préparèrent les esprit de ceux qui firent alors ce qu’ils ne s’étaient jamais attendus à faire et qui furent bien souvent forcés de commettre des actes pour lesquels ils ne s’étaient sentis jusque-là aucune inclination.
  • Les philosophes des Lumières : dans le contexte de la révolution leur importance est grande : ils employaient le mot « liberté » en plaçant un accent inédit sur « liberté publique ». Pour eux, la liberté ne pouvait exister que dans la sphère publique. C’était une réalité tangible du monde, une création humaine dont l’humanité devait jouir, plutôt qu’un don ou une capacité ; c’était l’espace public créé par l’homme ou la place publique de l’Antiquité.
  • Cet amour passionné de la liberté ne peut être que la haine des maîtres, et cette haine n’a encore jamais abouti à une révolution, car elle est incapable de concevoir l’idée centrale de la révolution – la fondation de la liberté – càd la fondation d’un corps politique qui garantit l’espace où la liberté peut apparaître.
  • Aux yeux des hommes du 18è siècle il fallait une constitution pour fonder et édifier un nouvel espace politique à l’intérieur duquel la passion de la liberté ou la quête du bonheur public pourraient se donner libre cours au bénéfice des générations à venir, assurant la survie de leur esprit révolutionnaire après la fin réelle de la révolution.
  • Jefferson [Convention de Virginie, 1774] : « (Nos ancêtres) quand ils quittèrent les dominions britanniques d’Europe exercèrent un droit que la nature a octroyé à tous les hommes, celui de fonder des sociétés nouvelles et de les soumettre aux lois et règles qui leur paraîtront devoir assurer le mieux le bonheur public. »
  • Mais les hommes savaient qu’ils ne pouvaient pas être totalement heureux s’ils ne jouissaient que d’un bonheur circonscrit à leur seul vie privée.  Toutefois, le fait historique est que la Déclaration d’indépendance évoque une « quête du bonheur » et non celle du bonheur public. Aucun des délégués ne soupçonnait le destin de cette formule qui devait contribuer plus que toute autre à une idéologie spécifiquement américaine, au terrible malentendu qui donne aux hommes le sinistre privilège de poursuivre un fantôme et d’embrasser une ombre. On courait le danger de confondre bonheur public avec bien-être privé.
  • Gouverner est un fardeau, alors, selon Jefferson, le bonheur n’existe que dans l’intimité d’un foyer sur la vie duquel le public n’a aucun droit.
  • La tyrannie dépouillait les citoyens du bonheur public, mais pas nécessairement du bine-être privé, tandis que la république accordait à chaque citoyen le droit de devenir un participant au gouvernement des affaires. (joie de Jefferson de participer aux affaires)
  • La Déclaration d’indépendance nous conduit du moins à prendre cette expression, la quête du bonheur, dans son double sens : le bien-être privé et le droit au bonheur public.
  • France : Tocqueville a tout à fait raison quand il fait remarquer que parmi les idées et tous les sentiments qui ont préparé la révolution, l’idée et le goût de la liberté publique se soient présentés les derniers, comme ils ont été les premiers à disparaître.
  • Robespierre : n’a t-il pas dû craindre que la fin du pouvoir révolutionnaire et les débuts d’un gouvernement constitutionnelle ne signifient la fin de la liberté publique ? Cependant la distinction qu’il pose entre liberté civile et liberté publique offre une ressemblance évidente avec l’utilisation vague et conceptuellement ambiguë du terme « bonheur » chez les Américains.
  • Jefferson : … la garantie que la quête du bonheur privé serait protégée et encouragée par les pouvoirs publics… l’expression « bonheur  public » fut presque immédiatement privé de son double sens et comprise comme le droit des citoyens à rechercher leur bonheur propre et donc à agir selon les règles égoïstes de l’intérêt personnel.
  • Le conflit entre intérêt public et intérêt privé joua un rôle immense dans les 2 révolutions et on peut dire que les hommes des révolutions furent ceux qui pensèrent et agirent invariablement en fonction des affaires publiques.
  • L’issue de la révolution américaine a toujours été ambiguë, et la question de savoir si le but du gouvernement devait être la prospérité ou la liberté n’a jamais été réglé.
  • La question sociale interféra dans les deux révolutions, mais les richesses immédiates et facilement accessibles sur le continent américain tint la question du bonheur à distance pour quelque temps.
  • La liberté : elle échappera toujours à ceux qui sont déterminés à vivre pour leurs désirs .
  • Le rêve de la RA : la fondation de la liberté ; le rêve de la RF : la libération de l’homme.
  • L’individu, ayant pris au citoyen ce qu’il a de meilleur (le goût pour la liberté politique) devra se défendre contre un société qui, à son tour, prend le meilleur sur l’individualité.

Fondation I : constitutio libertatis :

  • Ce qu’ils disaient et proclamaient c’était en fait que ces droits, qui n’avaient été jusque-là que ceux des Anglais, seraient l’avenir reconnus de tous -, en d’autres termes, tous les hommes devraient vivre sous un gouvernement constitutionnel, « limité ». La proclamation des droits de l’homme par la RF, au contraire, signifiait littéralement que chacun, au vertu de sa seule naissance, était devenu le propriétaire de certains droits.
  • La version américaine ne proclame en fait rien de plus que la nécessité pour toute l’humanité d’un gouvernement civilisé ; tandis que la version française proclame l’existence de droits indépendants du corps politique et extérieurs à lui, avant de finalement assimiler ces prétendus droits, à savoir les droits de l’homme en tant qu’homme, aux droits des citoyens.
  • Le but des constitutions dont se dotèrent les Etats américains avant la Constitution de l’Union consista à créer de nouveaux centres de pouvoir, après l’abolition par la Déclaration d’indépendance de l’autorité et du pouvoir de la Couronne et du Parlement.
  • RA : Ce qu’ils essayaient d’apprendre c’était la constitution du pouvoir. (Par les anciens et modernes). D’où l’extraordinaire fascination exercée par Montesquieu, dont le rôle dans la RA égale presque l’influence de Rousseau sur le déroulement de la RF car le grand œuvre de Montesquieu avait pour sujet principal « la constitution de la liberté politique. »
  • Le mot « constitution » signifie, dans ce contexte « temple grandiose de la liberté fédérale » et doit avoir pour base la fondation et la répartition correcte du pouvoir. (Montesquieu avait soutenu que pouvoir et liberté allaient de pair.)
  • La liberté politique réside dans le « je peux » > le domaine politique est une combinaison de pouvoir et liberté.
  • Les lois courent toujours le danger d’être abolies par le pouvoir de la multitude, et dans un conflit entre la loi et le pouvoir, c’est rarement la loi qui l’emporte.
  • Le pouvoir ne peut être arrêté et préservé dans son intégrité que par le pouvoir, de telle sorte que le principe de la séparation des pouvoirs offre non seulement une garantie contre la monopolisation du pouvoir au profit d’une partie du gouvernement, mais fournit réellement une sorte de mécanisme, placé au sein même du gouvernement, qui génère constamment un nouveau pouvoir, sans toutefois le laisser envahir et de développer au détriment des autres centres ou des autres sources de pouvoir.
  • Le problème des fondateurs était d’établir l’union à partir de 13 républiques « souveraines », dûment constituées ; ils avaient pour tâche de fonder une « république confédérée » qui concilierait les avantages de la monarchie en politique étrangère et ceux du républicanisme en politique intérieure. >> ériger un système de pouvoirs qui se contrôleraient et s’équilibreraient de sorte que ni le pouvoir de l’Union ni celui de ses parties, les Etats dûment constitués, ne s’amoindriraient ni ne se détruiraient l’un l’autre.
  • Une des grandes innovations des Américains  dans le domaine politique en tant que tel et, à long terme, peut-être la plus grande de toutes, fut l’abolition constante de la souveraineté à l’intérieur du corps politique, l’intuition que, dans le champ des affaires humaines, souveraineté et tyrannie sont une seule et même chose.
  • L’objectif de la Constitution américaine était de créer davantage de pouvoir, d’établir dans les faits et de dûment constituer un centre de pouvoir entièrement nouveau, destiné à compenser la perte de pouvoir découlant de la séparation des colonies d’avec la couronne d’Angleterre.En définitive, la constitution américaine consolida le pouvoir de la RA, et comme le but de la révolution était le liberté, elle finit par devenir ce que Bracton avait appelé la fondation de la liberté.
  • Sur le plan historique, la différence la plus évidente et la plus décisive entre les RA et RF reste que l’héritage laissé à la première par l’histoire était une « monarchie limitée » tandis que la seconde héritait d’un absolutisme qui semblait remonter aus premiers siècles de notre ère et aux derniers siècles de l’Empire romain. A la vérité, rien ne semble plus naturel qu’une révolution soit déterminée par la nature du gouvernement qu’elle renverse ; plus le souverain est absolu, plus la révolution qui le remplace le sera.
  • Que fit Sieyes lui-même si ce n’est mettre simplement la souveraineté de la nation à la place laissée vacante par un roi souverain ?
  • Les hommes de la RF s’accordaient à ceux de la RA sur la nécessité d’un gouvernement limité.
  • L’idée rousseauiste d’une Volonté générale, inspirant et guidant la nation comme si celle-ci n’était plus composée d’une multitude mais formait effectivement une seule personne, se changea en axiome pour toutes les factions et tous les partis de la révolution française.
  • Lorsque les hommes de la RF placèrent le peuple sur le trône voir dans ce peuple non seulement la source de tout pouvoir mais aussi l’origine de toutes les lois allait presque de soi.
  • La bonne fortune de la RA est indéniable : dans le gouvernement et le Parlement dont les colonies se séparèrent il n’y avait pas de pouvoir absolu affranchi des lois. En conséquence, les rédacteurs des constitutions américaines, tout en sachant qu’ils devaient établir une nouvelle source de lois et imaginer un nouveau système de pouvoir, n’eurent jamais la tentation de faire découler la loi et le pouvoir de la même origine. La Constitution devint la source de la loi, un document écrit, une chose objective et durable que l’on pouvait sans doute considérer sous bien des angles et soumettre à nombre d’interprétations différentes, que l’on pouvait changer et amender selon les circonstances, mais qui ne réduisait pas à un état d’esprit subjectif tel que la volonté.
  • Ce qui finit par embraser le monde ce fut une combinaison de deux éléments : de révolutions nationales ou de nationalisme révolutionnaire, de nationalisme parlant le langage de la révolution ou de révolutions soulevant les masses à l’aide de slogans.
  • Les dictatures révolutionnaires, conçues pour mener plus avant et pour intensifier le mouvement révolutionnaire, on été l’issue la plus répandue des révolutions modernes.
  • L’éternel problème de la source de la loi qui conférerait sa légalité aux lois positives, établies, ainsi que le problème de l’origine du pouvoir qui conférerait leur légitimité aux autorités constituées.
  • De même que l’on parle d’une émancipation du séculier vis-à-vis du religieux, de même on peur parler d’une émancipation de la religion des exigences et des fardeaux du séculier.
  • La prétendue volonté d’une multitude est instable par définition et un édifice bâti sur ces fondations est bâti sur des sables mouvants. Ce qui sauva l’Etat-nation d’un effondrement et d’une ruine immédiate, ce fut l’extraordinaire facilité avec laquelle la volonté nationale put être manipulée et abusée à chaque fois qu’un homme voulut se charger du fardeau ou des lauriers de la dictature.
  • L’établissement d’une nouvelle loi et la fondation d’un nouveau corps politique avait remplacé la monarchie par la démocratie, règne de la majorité.
  • Quand la majorité entreprend de liquider physiquement dans les cas extrêmes la minorité d’opposition que le mécanisme technique que constitue la décision de la majorité dégénère en règne de la majorité, écueil qu’évita la Constitution américaine.
  • Ce que la RA réalisa fut de mettre au grand jour la nouvelle expérience des Américains et leur nouveau concept du pouvoir au grand jour.
  • « Ordres fondamentaux » et « pacte de plantation » (Connecticut) (1976) devint la constitution civile de cet Etat sous la seule autorité du peuple de celui-ci, indépendant de tout roi et de tout prince, quel qu’il soit.
  • La principale innovation de la RA s’appuyait en partie sur une expérience : la connaissance approfondie des corps politiques en quelque sorte prédéterminés par leur structure interne, et qui conditionnaient leurs membres à un développement constant dont le principe était la combinaison plus poussée des  pouvoirs.
  • Le contrat social : ce sont les premiers colons qui le mirent en pratique.
  • En ce qui concerne l’individu en tant que tel, il est évident qu’il obtient autant de pouvoir grâce au systèmes de promesse mutuelle qu’il en perd de par son consentement au monopole du pouvoir du dirigeant.
  • Un corps politique qui est le résultat d’un pacte et d’une alliance devient la source même du pouvoir de chacun à titre individuel qui, hors du domaine politique constitué reste impuissant.
  • Le contrat mutuel, par lequel le pouvoir est constitué au moyen d’un promesse contient en germe à la fois le principe républicain selon lequel le pouvoir réside dans le peuple et une subjection mutuelle fait de la domination une absurdité. (influence de la foi et de la confiance mutuelle des puritains)
  • la foi, aux Usa se fondait sur la possibilité de contrôler la nature humaine en sa singularité grâce à des liens communs et des promesses mutuelles.

La tradition révolutionnaire et son trésor perdu :

  • S’il y eut un événement qui rompit les liens entre le Nouveau Monde et les pays du vieux continent, ce fut bien la RF qui, du point de vue des contemporains, n’aurait peut-être jamais eu lieu sans le glorieux exemple d’outre-Atlantique.
  • La tradition révolutionnaire européenne ne devait témoigner q ‘un intérêt passager à la RA et à l’évolution de la république américaine.
  • La pensée politique révolutionnaire du 19e et du 20è siècle a fait comme s’il ne s’était jamais produit de révolution au Nouveau Monde et comme si aucune des idées, aucune des expériences américaines  en matière de politique et de gouvernement n’étaient dignes de réflexion.

De la Révolution

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