Fin 1989, le Président Honecker, dernier président de la RDA se trouvait sans abri après la chute du mur à Berlin, et la chute de plus de 40 ans de rêves, de convictions, de nudité spirituelle. Rejetés par le nouveau régime en place, lui et sa femme, ministre de l’Éducation, eux les puissants d’une époque maintenant dans la pauvreté de la solitude furent recueillis et protégés par un pasteur et sa famille qui présidaient un centre de handicapés dans un village au nord de Berlin. Honecker était âgé et très malade. Dans ce pauvre village négligé de l’ancienne RDA le pasteur et sa famille ont accueilli le couple en détresse, des athées convaincus, au nom de Dieu, qui est Lumière. A leur question un peu condescendante de pourquoi les aider, le pasteur leur répond qu’il les aide au nom de la Vérité : celle qui libère des obstacles que sont une vision partielle de l’homme et de sa vie, celle qui libère des inquiétudes quotidiennes et autres, une Vérité qui ouvre notre esprit pour permettre au Saint Esprit de nous guider, nous enfants de Dieu.
La recherche de cette Vérité au-delà de toute autre vérité humaine, celle de la Vérité qui est Dieu nous oblige à voir dans chaque être humain rencontré un frère à aimer. Oui, comment ne pas aimer notre prochain si nous aimons Dieu alors que Sa présence en nous et la nôtre en Lui signifient aimer en totalité ? Honecker était l’ennemi du pasteur, cependant toute la famille priait pour cet homme rejeté, perdu, au bord de la mort. Et moi, de quelle façon ai-je vu mon prochain au cours de ma vie qui s’étire ? J’ai moi aussi rejeté, éventuellement, ignoré, passé mon chemin… Il m’a fallu tant de moments pour comprendre quel était mon chemin : celui vers la lumière, celui qui m’ouvrait vers la conscience pleine d’être enfant de Dieu, et, à cette condition, accepter Son amour afin d’apprendre à aimer. C’est à ce prix, ou à cette condition, que je pourrais, éventuellement, m’approcher de l’être Dieu avec Dieu.
Nous sommes tous des Œdipe : cet aveuglement imposé par la loi grecque était ténèbres conduisant à la lumière, c’est aussi le mien quand je manque de confiance, ou que j’oublie d’avoir confiance, quand je doute de l’Amour de Dieu quand mon cœur m’accuse -et souvent avec raison. Je ne devrais pas oublier dans ces pas d’ombre que Dieu est plus grand que notre cœur, qu’Il voit avec des yeux d’Amour infini, sans les limites de toute doctrine, de toute incertitude, de tout doute.
Les événements tragiques du monde étroit des humains peuvent nous faire croire que le Mauvais, comme le dit Saint Jean, nous domine. Et comment ne pas le penser ? La question « Où est Dieu ? » paraît légitime devant ces circonstances, mais comme le souligne aussi Saint Jean, l’acte ne vient pas de Dieu qui est tout amour, ni de l’onction de notre baptême, mais du vertige qui nous emporte quand nous oublions notre prochain, vertige fait d’avidité, de désir, d’arrogance, d’égocentrisme, d’indifférence. Ce vertige non seulement nous éloigne de Dieu comme un astéroïde voué à éclater quelque part dans l’espace, mais il nous garde dans la haine de notre prochain. Nous devenons alors, apparemment, des éternels homicides. Nous oublions que nous sommes nés de Dieu et que lui seul est la Vérité que nous devons tenter d’atteindre et vivre en accueillant en nous et dans les autres l’Esprit Saint, ce grand discret, la discrétion de Dieu, l’aide constante, offerte, don indéfinissable de Dieu…