RENAISSANCE DU NORD ET RENAISSANCE DU SUD: More/ Erasme et Machiavelli

Dans cette communication nous brosserons un tableau très général de l’Europe à l’époque des trois humanistes : Thomas More, l’Anglais, Desiderius Erasmus, le Hollandais, et Niccolò Machiavelli, le Florentin. En effet, il y eut quelques lettres échangées entre les trois hommes : beaucoup entre More et Érasme, probablement quelques unes entre Machiavelli et les deux premiers, mais leur authenticité est parfois douteuse. Nous tenons cependant pour assuré que le Florentin a bien envoyé son ouvrage Le Prince à Érasme (Lettre à Vettori du 12 septembre 1517). L’objectif de cette communication est de montrer les problèmes de compréhension que ces trois humanistes ont pu rencontrer non seulement parce qu’ils étaient différents par leur culture, mais aussi parce qu’ils vivaient dans des mondes différents, bien que traversés par la Renaissance. L’importance de l’histoire des deux « zones » de Renaissance est soulignée, ainsi que celle de la langue : More et Érasme devaient se fier à un traducteur d’Italien pour bien comprendre Machiavel.

            Si Thomas More et  Érasme peuvent être associés à  la Renaissance du Nord, Niccolò Machiavel, quant à lui, appartient à la Renaissance du Sud, plus précoce, et qui fait face à d’autres problèmes que celle du Nord. Alors, pourquoi les associer ?

            En fait, quelle que soit leur différence en statut les trois hommes ont tous participé, d’une façon ou d’une autre, à la politique de leur époque. Tous les trois ont été des conseillers du Prince, surtout bien sûr More auprès de Henry VIII, et, dans une moindre mesure,  Machiavel à Florence, au temps de la République. Érasme était plus prudent face au pouvoir. Cependant, il semble qu’ils conseillaient leur Prince, directement ou indirectement, dans des directions opposées : More et Érasme dans un sens et Machiavel dans l’autre. Cette opposition porte  surtout sur deux points : l’éthique et la nécessité en politique d’une part, d’autre part, sur la forme politique de la nécessité. Tout ceci sur un fond de querelle sur le pouvoir politique de la chrétienté, peut-être même celui de sa vérité.

 Pour les cerner dans leur amitié et dans leur vécu de la Renaissance,  il nous faut d’abord en faire   un portrait rapide en s’appuyant  sur leur livre le plus connu de ce jour : l’Utopie pour More, l’Éloge de la Folie pour Érasme, et le Prince pour Machiavel.

I. Les hommes politiques      

            Nicolas Machiavel d’abord :   pendant des siècles la tradition a fait de l’auteur du Prince un homme impie, un blasphémateur, un conseiller des tyrans, en somme le plus diabolique de tous les hommes. Le vrai Machiavel, cependant, est différent de cette tradition. En fait,  on doit lui reconnaître au moins  quatre caractéristiques : d’une part, c’est un patriote italien ; d’autre part,  il crée le système politique de son temps ; ensuite, c’est un humaniste républicain ; enfin, et ce n’est pas le moindre de ses traits, Machiavel est  un pionnier de la science politique moderne grâce à son livre Le Prince tout en restant, encore de nos jours, le porte-parole de la tradition humaniste florentine qui alliait virtù – au sens d’alors – et liberté politique.

            Comme Machiavel, Thomas More doit sa renommée politique à un seul livre Utopie, bien qu’il ait écrit d’autres ouvrages de très grande qualité mais dont l’importance est surtout du domaine spirituel. En fait, bien que l’Utopie  ait eu  moins d’importance en politique que Le Prince cet ouvrage a eu beaucoup plus de résonance en littérature et dans son temps. En effet, bien que ce livre fût écrit d’abord, d’après son auteur, comme un jeu d’esprit, un amusement dans l’ennui d’une mission diplomatique à Anvers, les contemporains de More et les critiques des siècles suivants en ont reconnu sa richesse et son extraordinaire sérieux sous ses apparentes plaisanteries ou constructions imaginaires. More le chrétien présente dans ce livre  un régime social et politique basé sur la seule raison : il dépeint une République Chrétienne, bien qu’apparemment dans une République païenne. Pour notre propos soulignons que More a écrit là une œuvre de la Renaissance.

            Quant à Érasme, sa vie dans son ensemble a été très différente de celles de More et de Machiavel. En effet, si ce dernier semble avoir eu un succès très relatif tant dans sa carrière politique que littéraire du temps de son vivant, et si More a eu une carrière littéraire connue tout autant que sa carrière politique et civile en tant que sous-shérif de Londres, bien que brutalement interrompue, Érasme, en ce qui le concerne, a été célébré au plus haut point  de son vivant, mais mis en quarantaine après sa mort. En effet, son immense production littéraire fut victime de la Réforme et de la Contre-Réforme jusqu’à être mise à l’Index en 1559. Seul son livre Éloge de la Folie survécut dans les années suivant immédiatement  sa mort grâce à sa prodigieuse fécondité littéraire, et, sans doute, à ses allusions très concrètes à la société. En conséquence, sa  fécondité surpassa celle de l’Utopie de More et ce petit livre inspira des auteurs prodigieux tels que Cervantès, Shakespeare, et bien d’autres.

II. L’homme-écrivain :

            Érasme est essentiellement un auteur qui veut rester dans les marges des institutions. Et en tant qu’auteur il écrit avec autorité, c’est-à-dire avec savoir et maîtrise. Stefan Sweig[1] l’admirera beaucoup pour l’apparente magie des idées surgies sur le papier. Admiré et craint il n’appartient à aucun  cercle de pouvoir comme l’université de ce temps. Il cultive cependant l’amitié avec ses confrères écrivains et aussi avec ses étudiants. Non que sa vie ait été facile : très pauvre jusqu’à l’âge de 45 ans il était toujours  en quête  de mécènes comme ses lettres avec son grand ami More le prouvent. Si Érasme vit de son esprit, dans un statut religieux plutôt précaire, il n’avait pas d’autres attaches qu’une République Chrétienne, au sein de laquelle il créa une République des Lettres. Appelé, après 1510, Prince des Humanistes, promouvant une réforme de l’Église, le développement du Savoir, et une réforme de la politique ainsi qu’il l’écrira   dans ses échanges épistolaires, ou non, avec Thomas More. Mais il ne s’engagea jamais en politique, décision qu’il reprocha à More[2] lorsque celui-ci devint Conseiller de Henry VIII.

            Thomas More, quant à lui, si il avait bien des points communs avec Érasme était cependant un homme très différent : il eut une carrière politique à la fois brève et brillante, il était très connu comme avocat, et maintint une position très claire et très forte en tant que chrétien catholique romain.  Il montrait en tout  aisance, maîtrise et intégrité, qualités  qui sont encore  un modèle après cinq siècles, et qui se vérifient très clairement dans ses lettres  à Érasme d’ailleurs, ainsi qu’à sa fille Margaret quand il est emprisonné en attendant son exécution. On pourrait dire, cependant,  que la carrière politique de More a quelque peu gâché son talent d’écrivain, : dans l’Utopie il met en scène un dialogue qui souligne son hésitation : « Est-ce qu’un philosophe doit se mêler de politique ? » Dans son argumentation pour et contre, il montre bien qu’il n’avait, de toute façon, aucune illusion à ce sujet. Homme d’esprit, il entra dans la République des Lettres facilement, mais si Érasme était un Européen et seulement cela, More était Européen et anglais, avec l’Angleterre en son cœur, juste après sa Foi chrétienne.

            Machiavel était italien, chrétien et italien exclusivement. Et un homme de Lettres, comme More et Érasme. Mais  au contraire de More et d’Érasme il ne connut pas la célébrité littéraire ou politique de son vivant. En effet, il tint un rang secondaire dans le gouvernement de Florence, carrière brutalement interrompue par le retour des Médicis. Quant à ses œuvres littéraires, avec une exception, elles ne circulaient  à l’époque qu’en manuscrits et contrairement aux deux humanistes du nord, la vie de Machiavel et son œuvre, à part Le Prince, restent dans l’ombre de l’histoire. Homme secret,  peu de gens semblaient s’intéresser à lui, d’après les témoignages qui nous restent. En fait,  la partie la plus obscure de sa vie est celle de l’homme-écrivain, du penseur. Cependant, comme More, Machiavel avait une double allégeance : c’était un citoyen de Florence à une époque où il n’y avait pas de nation italienne à proprement parlé, et en même temps il écrivait en italien et parlait au nom de l’Italie ainsi qu’il le souligne dans ses lettres dans lesquelles il montre bien que le contexte politique italien n’a que peu à voir avec le reste de l’Europe. Homme d’action connu pour préférer des moyens radicaux afin de gagner une bataille ou un royaume, il dédie Le Prince au jeune Laurent de Médicis tout en montrant une certaine coloration républicaine dans ses écrits, et cultiva l’amitié d’hommes politiques importants.

III. L’époque :            

            Ces trois humanistes partageaient, cependant, une époque :  la Renaissance, c’est-à-dire une époque de crise, celle de l’Église, celle de l’Europe chrétienne, celle de l’Europe politique et économique, celle de l’Europe à la recherche du savoir dans tous les domaines, et celle de l’homme à la recherche de sa nouvelle position dans l’univers après la révolution copernicienne.

Si l’Europe du Nord connaît une Renaissance axée sur le crise religieuse avec Luther et le développement économique et politique lié aux grands voyages au-delà des mers, l’Italie, elle, est presque post-Renaissance, une Renaissance basée sur l’art, le savoir aussi, mais un savoir avec élégance, à la recherche de la beauté chez les Anciens, que ce soit en éthique, en littérature ou en politique. Comme Machiavel le dit  la Renaissance italienne a cultivé la faiblesse des Princes ce qui provoqua son invasion par les puissances qui l’entouraient : l’Espagne et la France. Mais tant Érasme que More et Machiavel tous les trois montrent que la réponse à tout, au nord comme au sud, réside dans le comportement humain qu’ils définissent chacun avec leur point de vue.

            Quelque part, Érasme, quant à lui, nous laisse sur notre faim : partisan d’une réforme en profondeur de l’Église, il favorise, inconsciemment, l’expansion de la Réforme, il lit, comme tous les   gens cultivés du moment,  les auteurs païens, ce qui certainement a influencé son christianisme à ceci. S’ il se moque des théologiens et de leur prétention il ne nous laisse que peu de  théologie dogmatique ;  il critique aussi avec beaucoup d’esprit toute forme extérieure de piété, mais  sa critique  tourne assez court car on en a que peu d’exemples. Et bien qu’il prêche pour un christianisme aimable et une folie chrétienne, il ne dit pas comment réconcilier les deux…

            Thomas More a moins écrit que son ami, mais ses écrits -épigrammes, pièce, dialogues, prières, commentaires-  et l’Utopie montrent qu’il peut être plaisant, éloquent, ironique ou sérieux, mais aussi violent et même très dur. En fait, son œuvre est d’une part humaniste, d’autre part toute personnelle. En effet, si ses  derniers textes montrent sa profonde piété, il eut une attitude très dure contre la Réforme, ce qui peut paraître en opposition avec la tolérance décrite dans l’Utopie. More l’humaniste et More l’ennemi des hérétiques…

            Quant à Machiavel, si il écrit sous différentes formes, le contenu de son œuvre est toujours près de la politique. Son style est toujours équivoque, et ses pensées souvent contradictoires.

            Cependant, les trois auteurs considèrent tous les questions religieuses et politiques de leur époque et leur façon de penser est probablement très liée à ceci. En effet, tous  dépendent de l’histoire, du climat intellectuel et moral, des questions et conventions du moment, et des catégories de la pensée. En fait, ils sont bien des hommes de leur temps, mais non des prisonniers de ce temps. Ils appartiennent tous les trois à l’Europe latine, une Europe latine unifiée … jusqu’à la Réforme… Mais Érasme et More vivent dans une autre partie de cette Europe que Machiavel : l’Italie, ainsi que nous l’avons suggéré précédemment, est à part et regarde ces « nordistes » avec un peu de dédain : les barbares viennent du nord… Nous dirions que leur point commun, mise à part la crise de la chrétienté, sont les guerres incessantes qui déchirent ces pays tant au nord qu’au sud, sans parler de la menace turque. De plus, les papes sont soit italiens soit italianisés (Alexandre VI et Jules II), et ce sont des princes avec des territoires plus grands que le duché de Milan ou la république de Florence. Les humanistes ne les épargnent pas, Érasme en tête. Enfin nos trois humanistes ont observé, leur vie durant, leurs princes se combattre sans fin. L’important, pour notre propos, est, dans ce cas, leur réponse à cette violence.

IV. Les hommes et la guerre

            Pour More et Érasme la guerre est un scandale contre  l’humanité : les princes chrétiens font pire que les païens. Pour Machiavel, la guerre est naturelle et un drame personnel : l’Italie est ruinée par les envahisseurs, souillée et ravagée par ces armées étrangères auxquelles il est nécessaire de s’opposer. Si Érasme s’accroche aux conditions de paix respectant la dignité de la condition humaine, Machiavel plaide haut et fort pour un remède radical et énergique pour éradiquer les  maux de l’Italie. Et il ne voit pas ceci en médecine douce… En effet, le prince-sauveur doit être convaincu que la survie de l’Italie ne peut que passer par la guerre contre les envahisseurs et pour cela il doit s’entourer d’hommes sûrs, c’est-à-dire d’hommes loyaux qui ont peur du Prince qu’ils savent inflexible devant toute attitude qui ne servirait pas son objectif. La victoire est à ce prix.

Cependant, quand Machiavel envoie son ouvrage à Érasme, l’atmosphère de la « Renaissance au nord » a déjà bien changé : la vivacité et critique ailée de L’éloge de la folie  comme celle de l‘Utopie appartiennent déjà à la période précédente. L’Europe est maintenant déchirée et les passions religieuses déchaînées. Quant à la « Renaissance au sud », la rupture avec son idéal a surgi bien avant (autour de 1494) quand la fière Italie a découvert qu’elle était une proie facile pour ses voisins. L’Italie du Quattrocento qui a donné naissance à la Renaissance est un gâteau que les Français et les Espagnols veulent se partager -et pas très équitablement. En vérité, si l’Italie du XVème  irradie de mille feux, ce n’est pas en politique, et ceci ne changera pas au cours du siècle suivant. Peut-on dire que la politique de Machiavel, telle qu’il l’expose dans Le Prince, reflète les conséquences, ou une solution de (à)la politique de son temps ? Il vit dans un temps de calamités et est rempli de chagrin pour son pays, comme le prouve son appel à Laurent de Médicis à la fin de son livre. Alors quelle définition donner au terme Renaissance si on considère ces trois très célèbres humanistes ?

V. La Renaissance ?  

            D’abord, il faut se méfier du terme lui-même qui suggère une fausse unité : « Renaissance » ne dit pas tout à propos de cette période. Le fait central est qu’il existe un esprit plutôt conquérant et inoovant qui tend à se séparer du Moyen Âge en retournant aux sources ou en suivant un nouveau chemin. Mais la période est tout de même peu claire, et troublée.

Si Érasme et ses amis permettent le développement d’un nouvel esprit critique, les livres de magie et d’astrologie sont des bestsellers en librairie et Machiavel d’ailleurs semble avoir été attiré par l’astrologie dont on trouve des traces dans son Prince. Érasme et More étaient, quant à eux, peu tournés vers les secrets de la  nature. Bien que Léonard, Raphaël, Michel-Ange couvrissent les murs et peuplaient les places de leurs chefs – d’œuvre,  Érasme dans ses voyages ou Machiavel chez lui ne montrent aucun intérêt pour eux. On peut dire la même chose pour More, d’ailleurs. On peut ajouter que tous les autres grands acteurs de la Renaissance tels que Castiglione, Thérèse d’Avila, Ignace de Loyola appartiennent à la même période mais pas au même monde. Les génies de la Renaissance ont tous montré de fortes personnalités, comme ceux du Moyen Âge  mais celles de la Renaissance sont, dans l’ensemble, à l’extérieur des institutions ou dans le cœur de celles-ci afin de les réformer comme Ignace de Loyola ou Thérèse d’ Avila. En fait, ce qui est mis au jour avec force c’est une nouvelle  orientation : l’espace mental contrôlé par la religion perd de son caractère universel pour le bénéfice d’une connaissance profane, ou, comme dans le cas des protestants, au bénéfice de la conscience individuelle. Conscience individuelle vivante et droite comme celle de nos trois auteurs. Une nouvelle direction de l’esprit qui sera sans demi-tour.

Mais stricto sensu on peut dire que la Renaissance n’est pas exactement la même, vue au nord ou au sud des Alpes. L’humanisme du nord est un humanisme chrétien, tandis que celui du sud est teinté de paganisme. Érasme et More sont des humanistes, sans aucun doute. Le premier est le chef du mouvement et les années 1510-1520 peuvent être appelées  des années « érasmiennes ». Dans le cas de Machiavel, le terme d’humaniste est peut-être plus problématique si on ne le voit pas dans son contexte italien ou même strictement florentin où les florentina libertas ne concernent que le citoyen florentin, autrement dit une minorité. D’autre part, si Machiavel est considéré par certains savants comme le plus illustre des humanistes de Florence, il faut souligner que si les œuvres de ces derniers sont impressionnantes par leur érudition et leur ingéniosité, elles renferment nombre  de contradictions. Mais Machiavel a au moins deux qualités : d’une part il écrit nettement ; d’autre part Le Prince est écrit d’un point de vue humaniste et Républicain. 

V. Conclusion             En conclusion, il nous faut souligner que Érasme, More et Machiavel ont tous les trois écrit des ouvrages courts, denses et brillants. Dans chacun il y a un trait de génie confirmé par leur succès au cours des siècles passés et de nos jours : l’un fait de la Folie tout à la fois le sujet et l’auteur du livre ; More donne vie à une nouvelle société sortie de son imagination ; Machiavel rompt avec la tradition tant dans les concepts que dans le style. Et si Érasme et More se ressemblent dans leur soif de paix, de connaissance intellectuelle, de respect pour la conscience personnelle, Machiavel est à part, et les deux nordistes s’opposent  au sudiste, de façon dégoûtée de la part du moine, de façon plutôt pédagogique pour le conseiller de Henry VIIII, une disputatio qui rappelle le Moyen Âge autour de thèmes bien Renaissance : la paix, la guerre, la beauté de l’homme, sa bêtise. Si on peut prêter le mot de la fin à More envers Machiavel: [3]la source de vos erreurs est que vous n’avez rien compris à l’humain ? Mais qu’est-ce que la Renaissance naissante du nord pouvait comprendre à la Renaissanc


[1]Sweig, Stefan.

[2]Erasmus to More. Louvain, 12 July 1517. in Philippe Bénéton, The Kingdom Suffereth Violence. South Bend (Indiana, USA), 2012

[3]Bénéton, Philippe. The Kingdom Suffereth Violence. South Bend (Indiana, U.S.A.) : St. Augustine’s Press, 2012.

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